Culture




Cinéma : la jeunesse au pouvoir

Ousmane Samassékou, Youssouf Doumbia, Bocary Tioulenta ou Ramata Maïga, la liste n’est pas exhaustive. Les jeunes cinéastes maliens ne manquent ni de…

Ousmane Samassékou, Youssouf Doumbia, Bocary Tioulenta ou Ramata Maïga, la liste n’est pas exhaustive. Les jeunes cinéastes maliens ne manquent ni de talent ni d’audace. Ils créent et bénéficient d’une reconnaissance aux plans national et international.

Avec un intérêt certain pour les productions locales, ils sont conscients d’écrire des pages de l’histoire du cinéma malien. Mais, pour égaler et même dépasser leurs illustres devanciers, ils doivent encore franchir quelques obstacles.

« Les récentes productions sont bien accueillies par le public pour trois raisons fondamentales », explique M. Fousseyni Maïga, réalisateur de la célèbre série Bamako News et du long métrage « Voile secret » et tout nouveau Directeur général du centre national de la cinématographie du Mali (CNCM).

La première est l’engouement « du public malien, de plus en plus demandeur d’histoires locales », pour « les œuvres cinématographiques ». La deuxième est l’orientation artistique, parce que les jeunes réalisateurs, contrairement aux anciens, tournés exclusivement vers les festivals, vise le public. La troisième raison justifiant l’intérêt pour « la chose cinématographique » est à rechercher dans l’environnement sous-régional, où « nos populations consomment les mêmes productions que celles des autres pays de la sous région, notamment sur les chaînes internationales ».

Technologie plus accessible

Pour se lancer, la nouvelle génération n’attend pas les financements. Aidée, il est vrai, par un environnement propice à la création. « Les jeunes sont à l’heure du numérique, ce qui leur permet de faire des films sans attendre de subventions. Avec quelques francs, du matériel, des bons techniciens des jeunes arrivent à faire des films », justifie Ousmane Samassékou, dont le film « Le dernier refuge » lui a valu une présélection aux Oscars.

L’effet numérique, la créativité des jeunes et les précurseurs que les jeunes suivent sont à l’origine de cette « prise de pouvoir », selon Bocary Tioulenta, auteur de la série « décalée » « Zilè ».

L’impact de ce phénomène est que d’autres domaines de compétence peuvent ainsi se révéler et « l’effet boule de neige » permettre à des jeunes de revendiquer une plus grande place sur l’échiquier, poursuit M. Tioulenta. Mais cet environnement particulièrement propice à l’éclosion de talents peut cacher certains risques si l’on n’y prend garde, prévient Ousmane Samassékou.

Le premier est, pour des jeunes pressés d’aller vite de ne pas « écouter les anciens », ratant ainsi l’occasion d’acquérir une expérience vitale. Prendre ce temps permet d’avoir de la distance avec son œuvre et de s’ouvrir à la « sagesse », pour mieux appréhender la chaîne économique que constitue l’industrie du cinéma.

Fatoumata Maguiraga