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La CMA à Kidal, en état de siège ?

Après la grande bataille d'Edjarer qui a vu le reflux de la CMA sur la ville de Kidal, la coordination…

Après la grande bataille d’Edjarer qui a vu le reflux de la CMA sur la ville de Kidal, la coordination a commencé à se réorganiser et a repris la gestion de la ville. La Minusma et la force Barkhane ont édifié des checks-points à l’extérieur de Kidal pour prévenir toutes attaques des combattants de la Plateforme, mais ces derniers encerclent la ville empêchant la CMA d’entrer ou de sortir de Kidal par les grands axes.

Suite à la Bataille d’Edjarer et aux tentatives de médiation à Bamako qui n’ont rien donné, les tensions entre la CMA et la Plateforme sont toujours vives. La Minusma et la Force Barkhane ont édifié des checkpoints en dehors de la ville non loin des positions de la Plateforme, notamment sur l’axe Gao-Kidal, Kidal-Edjerer et Kidal-Aguelh’hok, pour empêcher d’éventuels combats au cas où les combattants de la Plateforme tenteraient un retour à Kidal. Les hommes du général Gamou sont positionnés à une dizaine de kilomètres de ces grands axes et semblent prendre la ville en étau.

La CMA, pour le moment, a repris la gestion totale de Kidal, tandis que dans sa région, les principales villes sont sous la domination d’un camp ou d’un autre. « À Kidal c’est la CMA qui gère mais ils sont sous la pression constante de la Plateforme, à Anéfis c’est la Plateforme qui gère la ville, à Aguelhoc il n’y a aucun mouvement présent militairement mais la gestion est partagée 50/50 entre CMA et Plateforme, à Tessalit c’est aussi le cas mais là-bas, il y a pas mal de membres du Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) », explique une source locale .

L’aide humanitaire et le ravitaillement qui vient de Gao, passe d’abord par les checkpoints de la Plateforme, qui fouillent systématiquement tous les véhicules. « Dernièrement, ils sont tombés sur un chargement de Talkies-walkies militaires qui était destiné à la CMA, et ont intercepté la cargaison. Ça a augmenté le risque pour les transporteurs qui véhiculent des choses à destination de la CMA, ils sont stoppés, vidés de leur chargement et retournés sur Gao », ajoute cette même source.

Lundi 12 septembre, quelques combattants de la CMA sont partis en éclaireur, à moto, pour inspecter les environs, ils ont été capturés et on est sans nouvelles depuis, « il paraît qu’ils ont été abattus », rapporte un habitant. La libre circulation des personnes est néanmoins possible, mais les gens très proches de la CMA, eux, ne peuvent pas voyager au risque d’être fait prisonnier. « Un collègue qui devait voyager à Gao n’a pas pu y aller car sa famille est très impliquée du côté de la CMA notamment dans les affrontements », explique cet employé d’une ONG.

Actuellement la tension reste vive à Kidal mais il n’y a pas d’affrontements entre la Plateforme et la CMA, sortie affaibli par sa dernière bataille contre la Plateforme. Un affaiblissement aggravé par la scission au sein du Mouvement National de Libération de l’Azawad (MNLA), qui a fait perdre des centaines de combattants à la CMA qui sont partis fonder le MSA (Mouvement pour le Salut de l’Azawad), ainsi que beaucoup de véhicules, d’armes et d’équipement. « Cette scission était prévisible, depuis toujours d’ailleurs, mais ça s’est accentué avec les derniers combats inter-communautaires et inter-mouvements. Ceux qui ont quitté ont vu que ce n’était pas leur combat et que ce n’était pas dans leur intérêt. Ils ont essayé de faire entendre leur voix, les insultes ont fusé et il y a eu la scission », explique ce proche des mouvements. « ils ont signé des accords avec Gamou pour avoir des postes clés dans la gestion de la région de Ménaka où ils se sont retirés. Ils ont même signé des protocoles d’accord secrets. Pour le moment ils n’en parlent pas officiellement mais quand même il y a eu un rapprochement. À Ménaka, en réalité c’est la Plateforme qui domine, même le gouverneur a été nommé sur leur proposition, donc ils ont approché les fondateurs du MSA dans ce sens, pour pouvoir affaiblir la CMA politiquement et militairement, renforcer leur rang et partager la gestion des autorités intérimaires avec eux. » ajoute-t-il.

La Plateforme contrainte par les forces internationales de rester hors de Kidal et qui revendique toujours sont droit à rentrer dans la ville et à participer à sa gestion, ne semble pas vouloir lâcher prise et pressurise de l’extérieur la CMA. À Kidal rien n’avance, rien ne bouge, les camps sont positionnés, dans l’attente d’une brèche chez l’un ou l’autre des adversaires.