Code de la famille : le Mariage religieux en passe d’être légalisé au Mali

Après la décision du chef de l'à‰tat de renvoyer la loi (qui avait été déjà  votée) en seconde lecture, l'Assemblée…

Après la décision du chef de l’à‰tat de renvoyer la loi (qui avait été déjà  votée) en seconde lecture, l’Assemblée nationale a débuté, depuis trois semaines, les travaux de relecture. Cela se passe en commission des lois, en présence de 15 députés et de 15 représentants du Haut conseil islamique, un organisme qui regroupe la plupart des leaders et associations musulmans. Entre autres leaders religieux assidus aux débats, on retient Mamadou Diamounténé, secrétaire général du Haut conseil islamique et Moulaye Hamaoula, fils du très influent chérif de Nioro du Sahel. « Nous sommes les seuls religieux entendus à  la commission des lois de l’Assemblée nationale puisque les autres confessions religieuses n’ont jamais contesté le code de la famille », souligne un représentant musulman qui ajoute : « Pour vous dire à  quel point les autorités nous prenent au sérieux, les travaux de la commission sur le code sont présidés par Dioncounda Traoré lui-même, président de l’Assemblée nationale. Il n’a pas raté une séance de travail et il a ordonné à  des députés membres de la commission de se faire remplacer au besoin et de ne pas manquer une seule réunion. » Dioncounda tient-il, par son assiduité, à  se faire pardonner par les associations islamiques qui le rendaient responsable du premier vote du code contesté ? Ou bien a-t-il reçu des instructions fermes de Koulouba ? « Rien de tout cela, explique un député ; le président du parlement veut simplement s’assurer par lui-même que les points qui feront l’objet de consensus sont bien notés ». Le Haut Conseil a soumis aux débats un catalogue d’une quarantaine de doléances qu’il souhaite insérer dans le code sous forme d’amendements. l’un des amendements qui ont déjà  été acceptés par l’ensemble des membres de la commission porte sur la légalisation du mariage religieux. Un représentant religieux raconte : « Ce point a fait l’objet d’un consensus total et ce jour-là , étaient présents des députés importants comme Mountaga Tall, Kassoum Tapo et, bien entendu, Dioncounda. ». Légaliser le mariage religieux (célébré selon la tradition islamique à  la mosquée ou ailleurs) revient à  lui attacher tous les effets juridiques d’un mariage civil (célébré à  la mairie). Le couple marié religieusement pourra ainsi faire transcrire son union dans les régistres d’Etat-civil ; l’épouse bénéficiera de tous les droits d’une épouse civilement mariée, ce qui est une révolution dans la mesure o๠suivant la loi actuelle et le code avorté, l’épouse non mariée devant le maire n’héritait pas de son mari. « La légalisation du mariage religieux, annonce un député, accordera une plus grande protection aux femmes qui, dans notre pays, sont majoritairement mariées sous le seul régime religieux. Les mosquées pourront désormais délivrer, au même titre que les maires, des certificats de mariage en bonne et due forme. ». Autre amendement arraché de haute lutte par les musulmans, la suppression de l’article du Code qui prévoit un « respect mutuel » entre les époux et son remplacement par une diosposition plus conforme aux canons coraniques : « Le mari est chef de la famille. Il doit protection à  son épouse et celle-ci lui doit obéissance. ». Comme pour sécher les larmes des féministes, mais toujours en conformité avec l’Islam, « les charges du ménage pèsent à  titre principal sur le mari » et l’épouse, même si elle en a les moyens, n’est pas obligée de participer aux frais. Les musulmans ont, en outre, obtenu l’interdiction de donner le nom du père adoptif à  l’enfant adopté, ce qui vide l’adoption-filiation de sa substance. La commission poursuit ses travaux tous les mardis et mercredis et des sources proches du Haut conseil islamique affirment fièrement : « Rien ne sera publié dans le prochain code qui violerait les lois de l’Islam, les Maliens étant à  90% musulmans. Ou alors on devra marcher sur notre corps ! ». L