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Combats meurtriers au Nord Mali

Accrochages meurtriers, attaques de ville avec des combattants infiltrés, kamikaze se suicidant au coeur des forces de la coalition créée…

Accrochages meurtriers, attaques de ville avec des combattants infiltrés, kamikaze se suicidant au coeur des forces de la coalition créée autour de l’armée malienne : tous les dispositifs de la guerre asymétrique sont désormais à  l’oeuvre et les premières pertes en témoignent. Après un soldat français, le 19 février, 13 militaires tchadiens ont été tués dans un engagement avec les combattants proches d’Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI), vendredi 22 février, au cours duquel 65 rebelles auraient été tués, selon l’état-major tchadien. C’est la plus grosse perte enregistrée par les forces coalisées contre les rebelles islamistes depuis le début de la guerre au Mali, et ce n’est pas un hasard. Bien que ne faisant pas partie de la Misma, la force africaine avec un soutien international qui tente de se former à  grand-peine, les forces tchadiennes (quelque 2 000 hommes) sont déployées dans des zones o๠a lieu, à  présent, l’essentiel des opérations militaires françaises dans le nord du pays. Quelques semaines après avoir abandonné presque sans combattre les villes du Mali o๠ils étaient implantés, les groupes armés liés à  AQMI sont désormais au contact. Dans ce qu’une source locale décrit comme une « embuscade », les troupes tchadiennes ont combattu les rebelles dans l’Adrar des Ifoghas, une large région qui couvre à  peu près les villes de Kidal, Tessalit, Aguelhoc et Tin Zaouatène, à  la frontière avec l’Algérie. ATTAQUE DU MUJAO à€ GAO Plus précisément, les actions des derniers jours étaient concentrées dans une zone plus petite, l’Adrar Tighargar, dans un périmètre qui fait office de « château d’eau local, et donc de refuge », selon une source militaire française, qui décrit comme un « carré de 75 kilomètres de côté » la zone o๠sont concentrés les rebelles contre lesquels est engagée une partie des moyens terrestres et aériens de l’opération. Face à  cette pression accrue sur leurs bastions du Nord, les rebelles ont eu le temps, ces dernières semaines, de préparer leur riposte. En l’espace de deux jours, deux attentats-suicides ont ciblé des troupes à  Kidal, puis à  In Khalil, une petite localité proche de la zone frontalière avec l’Algérie. Ces deux attentats visaient les forces tchadiennes et celles du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), la rébellion touareg qui a offert ses services pour combattre les alliés d’AQMI. Même si ses combattants n’ont pas encore été engagés aux côtés des forces françaises et tchadiennes, ils sont désormais traités en ennemis par les rebelles islamistes parmi lesquels se trouvent des transfuges du mouvement touareg (dans les rangs d’Ansar Eddine). Parallèlement, une nouvelle attaque menée par des éléments du Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) a eu lieu jeudi à  Gao, la grande ville du bord du fleuve o๠se trouve le commandement opérationnel de l’armée française. INFILTRATIONS PAR PIROGUE Cette nouvelle infiltration de combattants en plein centre-ville a déclenché une guerre de rue et la destruction de bâtiments administratifs o๠les rebelles, dont le nombre pourrait avoir atteint plusieurs dizaines, s’étaient retranchés. Une intervention de l’armée française a mis fin à  l’attaque, mais la démonstration faite par les rebelles est lourde de sens : les hommes du Mujao, d’AQMI ou de leurs alliés sont capables de monter ce qu’une source militaire française nomme des « attaques complexes », avec kamikaze, tireurs infiltrés et attaques sur plusieurs axes. C’est la seconde fois que des combats de ce type ont lieu dans Gao, o๠la surveillance, de toute évidence, laisse à  désirer, puisqu’une partie des infiltrations a été organisée à  nouveau par pirogue depuis le fleuve, à  partir de poches tenues par les rebelles dans les environs en dépit d’opérations de ratissage. D’autres attaques similaires pourraient être organisées, dans le nord du Mali ou dans les régions voisines, o๠de nombreux groupuscules se sont éparpillés. « La stratégie de ces groupes est de disperser les forces de la coalition. D’abord, il s’agit d’obliger à  être sur plusieurs fronts à  la fois. Mais on peut aussi redouter de voir des incursions se produire dans des pays voisins », commente un bon connaisseur du dossier, qui conclut : « J’ai bien peur qu’ils soient présents dans de très nombreux endroits. »