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Comment Gao a sauvé son musée des islamistes

Sauver le musée du Sahel des griffes des islamistes. Aldiouma Yattara n'a pensé qu'à  cela quand le Mujao a pris…

Sauver le musée du Sahel des griffes des islamistes. Aldiouma Yattara n’a pensé qu’à  cela quand le Mujao a pris en mars dernier le contrôle de Gao, l’une des plus importantes villes du nord du Mali. « On sait bien qu’ils considèrent tout ce qui touche à  la culture comme subversif . Et pour moi, ce musée, C’’est ma vie », explique le directeur, de passage à  Metz hier dans le cadre du jumelage de sa ville avec celle de Thionville. Toute la population s’est donc mobilisée pour mettre à  l’abri les trésors que recèle cet équipement qui fait la part belle aux deux ethnies qui ont le plus marqué l’histoire locale de cette région : les Songhaà¯s et les Touaregs : « De nuit, discrètement, nous avons décroché la signalétique et sorti 150 des 1 250 plus belles pièces pour les cacher chez des gens qui sont les garants de la sauvegarde de ces cultures. Elles sont en lieu sûr. » Parmi elles notamment des statuettes d’artisans touareg ou des instruments de musique. Appel à  l’aide Résultat : aucun pillage ni aucune dégradation n’ont été constatés. Le Mujao a juste pris ses quartiers dans un bâtiment tout juste terminé et initialement destiné à  servir de nouvel écrin au musée. Le conservateur, lui, a été contraint à  l’exil : « En tant que gestionnaire de structure culturelle, ma vie était en danger. On a fermé la maison et on l’a confiée à  un gardien. Avec ma famille, nous sommes depuis sept mois à  Bamako. » Les deux-tiers des 70 000 habitants de Gao ont suivi le même chemin. Tant le quotidien est devenu irrespirable au Nord : « Les islamistes ont imposé la charia. à€ l’école, garçons et filles ont été séparés. Les femmes ne peuvent sortir que voilées. l’adultère est sévèrement puni. Dans la rue, il est interdit de fumer, de danser ou de parler à  une femme. Quand ces règles sont enfreintes, des châtiments allant jusqu’à  l’amputation de membres sont administrés. Des églises et des cafés ont été saccagés. Les banques pillées, les instruments de musique brûlés. Par ailleurs, tous les agents d’à‰tat ont disparu, ce qui provoque de graves dysfonctionnements sur le fonctionnement des hôpitaux, de l’électricité ou du réseau d’eau. Et beaucoup de jeunes ont été enrôlés contre de l’argent. » Un chaos qui le pousse à  lancer un appel à  l’aide deux jours après la mise en place par la junte d’un nouveau Premier ministre, Diango Sissoko, saluée par l’union Européenne : « Cette crise dépasse le cadre du Mali. Elle menace tous les pays frontaliers. C’’est à  la France d’aider son ancienne colonie. Soit en relançant les négociations avec les islamistes, soit en soutenant une intervention armée . Et le plus tôt sera le mieux parce qu’on souffre. »