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Commission Dialogue et Réconciliation : mettre enfin les Maliens face à face

A défaut des concertations nationales tant repoussées, la feuille de route de la Transition, adoptée le 29 janvier 2013 vient…

A défaut des concertations nationales tant repoussées, la feuille de route de la Transition, adoptée le 29 janvier 2013 vient de proposer l’établissement d’une commission Dialogue et réconciliation nationale, à  l’issue du Conseil des Ministres du 6 Mars. Cela s’avère nécessaire à  l’heure o๠la division règne au Mali. Division politique, mais aussi division sociale avec la menace d’une guerre civile au nord, entre populations d’une même nation mais d’ethnie différentes. Des exactions de toutes sortes ont été dénoncées par les collectifs de ressortissants du nord, les communautés arabes, inquiètes de la tournure ethnique que prennent les choses, suite à  l’intervention française au Mali. Sans compter la propagande menée par le MNLA, porte-voix déclaré du peuple Touaregs. Et d’un côté, ceux qui crient à  la discrimination des fameux «Â hommes bleus » du désert et que la France aura toujours soutenu et ceux qui clament que le Mali est un et indivisible. «Â Mais parmi les assaillants, il n’y a pas que des touaregs, cessons les amalgames. Ce sont ces mêmes avec qui nous mangions ensemble hier sur une natte, qui nous assaillent aujourd‘hui. Pourquoi ? », s’interrogeait Oumou Sall Seck, maire de la commune de Goundam. «Â C’’est toute une famille qui prend Kidal en otage, contre l’avis de la population », lance la député de Bourem, Mme Haidara Aichata Cissé, virulente contre le danger de la propagande pro MNLA. «Â  Aux Maliens de se parler, de se convaincre… », lance t-elle encore. Autant dire qu’il ne faudra pas seulement réconcilier le nord avec le sud mais le Nord avec le Nord. Mettre ensemble touaregs et arabes du MIA. Touaregs et Sonhrais. Sonrhais et peuls. Bellas et bambaras etc… Comprendre pourquoi certains sont passés du côté de la rébellion en oubliant l’idéal patriotique d’une seule et même nation. Il faudra sans doute remonter encore plus loin aux premières heures de l’indépendance, quand Modibo Keita, matait la première rébellion et apaiser l’esprit de vengeance des descendants de ces rebelles. Décortiquer le mal, toucher du doigt la plaie laissée par le passé. Tâche ardue. Ouvrir le dialogue national Voilà  tout le défi de cette Commission Dialogue et réconciliation. Un exercice qu’avait déjà  initié la Coalition pour le Mali, lors du forum des peuples du nord en fin 2012. Consacré pour une durée de deux ans, ladite commission devra sortir du simple projet de décret et toucher du doigt l’âme des Maliens, mettre les Maliens face à  eux-mêmes. Sur le plan législatif, elle aura à  : – recenser les forces politiques et sociales concernées par le processus de dialogue et de réconciliation ; – identifier les groupes armés éligibles au dialogue conformément à  la Feuille de Route pour la Transition ; – enregistrer les cas de violation des droits de l’homme commis dans le pays au début des hostilités jusqu’à  la reconquête totale du pays ; – proposer les moyens de toute nature susceptibles de contribuer à  surmonter les traumatismes subis par les victimes ; – identifier et de faire des propositions pour la réalisation des actions destinées à  renforcer la cohésion sociale et l’unité nationale. Placée auprès du Président de la République par intérim, la commission sera composée «d’un Président, de deux vice-présidents, et de trente commissaires», qui seront prochainement désignés par le président malien par intérim, Dioncounda Traoré qui avait déclaré fin janvier qu’au sein de la communauté touareg, «le seul groupe avec lequel nous pouvons envisager des négociations C’’est certainement le MNLA (Mouvement de libération national de l’Azawad, rébellion), à  condition que le MNLA renonce à  toutes ces prétentions territoriales».