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Communication de crise au Mali : un véritable exercice d’équilibrisme

Pour Hamadoun Touré, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement de transition, l'exercice relève de l'équilibrisme. Face à  un…

Pour Hamadoun Touré, ministre de la communication et porte-parole du gouvernement de transition, l’exercice relève de l’équilibrisme. Face à  un front social et politique prêt à  entrer en ébullition à  la moindre occasion et une presse encline à  tirer à  boulets rouges sur ses gouvernants, il y a deux stratégies du côté de la communication gouvernementale : répondre ou encaisser les critiques. Sur la question de la réduction de prérogatives du Premier ministre, après le retour du Président par intérim, Hamadoun Touré est notre interlocuteur du jour. « Il n’ya aucune mise à  l’écart du Premier ministre. Le président est une institution qui a ses pouvoirs et son action vient en appui de celle du gouvernement. Elle n’est aucunement un obstacle, surtout dans le contexte de crise actuel », précise celui qui fut porte-parole de l’ONUCI, l’opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire. Autant dire qu’Hamadoun Touré est un habitué de la communication de crise. Crimes imprescriptibles De l‘ONUCI à  la Cité Administrative de Bamako,la mission est délicata pour le ministre. Pas loin, il y’a le camp Para de Djicoroni, situé à  quelques encablures. C’’est là  que, les femmes ont vivement protesté contre les arrestations de leurs époux bérets rouges. La tension sociale est montée d’un cran le 1er Août : «Â Il ne faudrait pas oublier le contexte du contre coup d’état du 30 avril, o๠les deux corps, bérets rouges et bérets se sont affrontés », précise notre porte parole. Alors comment mettre fin à  la guerre fratricide ? «Â  Notre justice se penche dessus ». Une justice imparfaite au regard des victimes qui demandent l’application stricte du droit et le respect des droits humains universels. Du reste, on aura assisté à  une autre barbarie en terre malienne. Une lapidation orchestrée dans la tristement célèbre localité d’Aguel’hoc. «Â  Le problème demeure l’accès au Nord, précise le ministre, il faut savoir même si le contexte ne nous permet pas pour le moment d’aller au nord, ces crimes sont imprescriptibles et ne resterons pas impunis ». Crimes de guerre que la CPI pourrait prendre en main, il faudra prendre notre mal en patience, car la reconquête ne se fera pas en trois mois et surtout, l’on se demande à  quelle autre extrémité les islamistes nous conduiront ? En ce mois de carême, la tension est toujours palpable à  Bamako; Si des contacts indirects, par médiateurs interposés, ont été établis entre Bamako et les groupes armés, ils restent minimes pour beaucoup qui réclament plutôt la guerre et l‘attaque immédiate : «Â  Négocier, C’’est aussi une façon d ‘attaquer, mais nous comprenons la frustration, l’impatience des populations, ajoute Hamadoun Touré. Il en faudra pourtant plus pour dissuader les milices d’auto défense qui s’entraà®nent déjà  à  Mopti et qui sont appelés à  intégrer l’armée régulière. Faire la guerre et négocier en même temps Si une commission nationale aux négociations a été proposée et que Mahmoud Dicko, le président du Haut Conseil Islamique a été mandaté pour établir des contacts avec les leaders d’Ansar Dine, cela ne devrait pas entraver l’action du gouvernement, estime Touré : «Â Aujourd’hui, on essaie de trouver un fil conducteur dans ces négociations. Dans la guerre, il n’y a pas qu’une seule option, les deux peuvent aller de pair et une option peut faciliter l’autre ». L’accès au nord, ajoute le ministre, est un indicateur dans la reconquête des territoires occupés. Le temps pourtant presse et l’urgence est au rassemblement autour du gouvernement de transition. Comment lever le pessimisme qui règne parmi beaucoup de Maliens face à  une crise qui s’enlise au nord ? Mais selon Hamadoun Touré, la gestion quotidienne de l’état avec un budget initial de 1400 milliards réduit de moitié sans les aides, est à  considérer. «Â Des efforts sont faits, nous assure le ministre, dans la gestion des tâches régaliennes de l’état ». Cela nous renvoie à  la déclaration du Premier ministre lors du débat télévisé du 27 juillet, o๠il mentionnait la «Â souveraineté du Mali », qui pour la première fois de son histoire, vit sur ses propres fonds.