Dernier oral pour le ministre de l’Administration territoriale 

Le ministre de l’Administration territoriale, Tieman Hubert Coulibaly a animé une conférence de presse, le vendredi 15 décembre, dans les locaux dudit ministère. Face à…

Le ministre de l’Administration territoriale, Tieman Hubert Coulibaly a animé une conférence de presse, le vendredi 15 décembre, dans les locaux dudit ministère. Face à la presse, il s’est exprimé sur les élections de 2018, les récents incidents meurtriers à la frontière guinéo-malienne et l’Accord pour la paix et la réconciliation. Confiant et énergique, le ministre refuse le scepticisme.

10 heures. Une trentaine des journalistes étaient installés dans la salle de conférence du ministère de l’Administration territoriale. Tieman Hubert Coulibaly entre quelques minutes plus tard. L’ancien ministre des Affaires Étrangères prend place pour un oral de plus d’une heure, reparti, entre exposé et échanges directs avec la presse. Il s’agit de faire le point sur la situation générale des sujets relevant de ses compétences et d’apporter des éléments de réponses aux débats des derniers jours sur le report des élections.

Les élections en 2018

Elles sont d’intérêt majeur. Le report des élections locales et régionales en avril 2018 n’a pas fait l’unanimité au sein de la classe politique nationale. En plus de ces élections, il y a les présidentielles et législative, toutes en 2018. Un agenda électoral, donc, inédit dans un contexte sécuritaire inquiétant. Les élections communales ayant eu lieu en 2016, n’ont pas pu se tenir dans les 59 communes des régions de SégouMopti, Tombouctou, Gao et Kidal. En plus, les régions de Taoudéni et Ménaka restent en attente. « Dans l’agenda électoral, il y a les élections locales pour les conseillers des cercles, les élections régionales pour les conseillers régionaux et puis l’élection du président de la République et en fin celle des députés à la fin de l’année », précise Tieman Hubert Coulibaly. Des rendez-vous importants souligne-t-il, car « en ce qui concerne les élections locales et régionales, c’est la première fois dans l’histoire du Mali que ce personnel politique sera élu au suffrage universel direct », dit-il. Une disposition de l’Accord pour la paix et la réconciliation. Selon Tieman Hubert Coulibaly« la crise a révélé un certain nombre des faiblesses dans notre dispositif institutionnel, nous avons estimé que pour renforcer ce dispositif, il fallait donner plus des légitimités aux pouvoirs locaux au niveau cercles et régions », justifie-t-il. Pour le ministre, ces élections ont aussi pour objectif de raffermir les fractures afin de ramener l’unité nationale. « C’est pour cela qu’ayant convoqué les élections pour le 17 décembre et ayant écouté toutes les parties prenantes, les partenaires à la paix, le gouvernement a estimé qu’il fallait revoir son agenda et accorder plus de temps pour réaliser l’objectif d’inclusivité qui doit être un objectif central dans un tel processus », détaille le ministre. Il s’insurge contre ceux qui ont appelé à sa démission en rappelant que le Mali sait organiser des élections. « Organiser les élections et les réussir sont des affaires différentes », soutient-il. « Il n’y a aucun agenda caché, contrairement à ceux que certains groupes politiques ont dit », poursuit-il, visiblement remonté contre ceux qui l’ont traité d’ « incompétent ». « La véritable compétence en ce moment de notre pays, réside dans notre capacité à pouvoir prendre en charge les urgences du Mali et la première des urgences est le retour de la paix », indique le ministre Tieman Hubert Coulibaly. Pour parvenir à un tel objectif, il met l’accent sur le dialogue et la concertation au profit des armes. 

Réorganisation administrative du pays

Dans sa tirade, le ministre a évoqué, également, la réorganisation administrative du pays avec les nouvelles régions. En 2012, 11 au total, ont été créées. Seules Ménaka et Taoudeni sont aujourd’hui avancées dans le processus d’opérationnalisation. Les neuf autres existent selon le ministre légalement, mais ne sont pas encore opérationnelles. « Compte tenu des difficultés du moment le gouvernement a proposé l’opérationnalisation de trois régions par an, mais les discussions sont en cours avec le collectif qui agit au nom de ces régions », a assuré Thiema Hubert Coulibaly.

Incidents inter-frontaliers

Le dernier point abordé par le ministre a été les récents évènements ayant causé des morts à la frontière guinéo-malienne. Une zone riche en minerais et qui fait objet de convoitise. « J’ai tenu une réunion technique avec mon homologue guinéen. Nous avons expliqué aux populations qu’il n’y a pas et il ne saurait y avoir des conflits territoriaux entre le Mali et la Guinée », rapporte- il. Des décisions ont été prises pour délimiter les frontières. « Nous sommes avec nos frères de Conakry à l’étape de la proposition de tracé pour la frontière, puis un traité frontalier », explique le ministre. Le Mali compte 7600 kilomètres de frontières avec les pays limitrophes, dont 2600 délimités et bornés. Selon lui, le Mali a besoin pour sa sécurité et celle de ses voisins, de stabiliser ses frontières.

Interactions avec la presse

Aux questions des journalistes entre autres, sur l’insécurité au Nord et au Centre du pays, la loi sur la libre administration des collectivités et sur  les récents affrontements à la frontière, le ministre a apporté des éléments de réponses.
C’est ainsi que dans la poursuite de mise en œuvre de l’Accord, le gouvernement engagera des discussions avec les mouvements signataires de l’Accord. Il a fait savoir que ces derniers souhaitent dorénavant « être considérés comme des acteurs politiques nationaux désirés de participer aux débats » et non plus des groupes armés. Sur la question d’insécurité, le ministre estime que les élections doivent se tenir malgré tout. « Pensez-vous que ce serait aider la sécurisation du Centre en décidant de renoncer aux élections ? », questionne le ministre, pour qui, les élections sont un processus permettant au pays de se structurer face à son destin. « Ce n’est pas parce ce que nous faisons face au terrorisme que nous devons mettre les institutions entre parenthèses », encadre Tieman Hubert Coulibaly encore une fois, s’adressant à ceux qui appellent à une transition en 2018.
En attendant cette année cruciale, et malgré la volonté affichée du ministre, il reste qu’une brume entoure l’horizon.