PolitiquePolitique Nationale




Conférence d’entente nationale : Évènement primordial qui divise les acteurs

La conférence d’entente nationale est inscrite au chapitre 2 de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale signé en…

La conférence d’entente nationale est inscrite au chapitre 2 de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale signé en mai 2015. C’est au cours d’une session extraordinaire du conseil des ministres que les dates de ladite conférence nationale ont été fixées du 27 mars au 02 Avril 2017 à Bamako. Alors que les groupes signataires de paix, l’opposition et les maliens de France affichent clairement leur réticence voire leur opposition à y participer.

En effet, la conférence d’entente nationale prévue de ce lundi 27mars au dimanche 02 avril 2017 à Bamako est un maillon fondamental dans la mise en œuvre de l’accord pour la paix et la réconciliation nationale, car elle devrait,selon l’Accord pour la paix et la réconciliation nationale, « permettre un débat approfondi entre les composantes de la nation malienne sur les causes profondes du conflit » dans sa partie septentrionale.

Mais au regard du désaccord que suscitent les dates retenues par le gouvernement au près des groupes signataires notamment la CMA et la Plateforme et de la posture de l’opposition face à l’événement, on pourrait légitiment se demander s’il s’agira d’une conférence d’entente nationale sans ces principaux acteurs de la question ou de celle de la discorde.

Les groupes signataires de paix parlent de la même voix

La Coordination du Mouvement de l’Azawad (CMA) et la Plateforme ont adressé le dimanche 19 mars dernier , une lettre conjointe au président du comité de suivi de l’Accord(CSA) signé pour l’un par Sidi Brahim Ould Sidatt et pour l’autre Me Harouna Toureh, lettre dans laquelle les deux parties dénoncent la décision du gouvernement qui a fixé « unilatéralement » les dates «  sans l’accord préalable des autres parties. »

Les deux parties estiment que la tenue d’un tel événement «  consacrerait davantage la désunion(…) plutôt qu’elle ne consacrerait le retour à la concorde nationale ».

Cette position des deux groupes a été réaffirmée par le porte parole de la CMA, Ilad Ag Mohamed, joint au téléphone, « les conditions ne sont pas conformes » pour la tenue de la conférence. Le porte parole de la CMA se demande « comment une conférence qui devrait regrouper tout le monde, qui devrait parler de la paix et l’entente, de l’unité nationale pourrait se tenir sans l’effectivité de la mise en place des autorités intérimaires, sans le retour des réfugiés qui devront eux aussi être consultés ? » Pour lui, persister à tenir cette rencontre ultime relève de la « mascarade. » Il propose, comme inscrit dans la lettre conjointe adressée au président du Comité de suivi de l’Accord , que la journée du 27 mars soit « le lancement du processus ».

Quant à Fahad Ag Almahmoud , le Secrétaire General du GATIA, groupe membre de la plateforme, il nous a indiqué qu’un atelier de trois jours organisé par la CMA et la Plateforme se tient depuis hier jeudi et ce jusqu’au samedi 25 mars pour aboutir à une résolution commune .

Une opposition réticente

En plus de la CMA et la Plateforme, l’opposition dirigée par son chef de fil Soumeila Cissé est hésitante jusque là à participer à la conférence d’entente. Invitée par le président d’organisation de la conférence à prendre part à une rencontre d’information et d’échange sur l’organisation de la conférence, le jeudi 16 février passé, l’opposition à répondu par une déclaration dans laquelle, elle dit prendre acte de l’invitation. Mais pour le cas de l’ancien premier ministre Zoumana Sacko, membre de l’opposition, le refus est catégorique.

Les Maliens de France dans la danse

Les maliens de France ne sont pas en reste, entre ceux qui crient haut leur désaccord par rapport à la tenue de cette rencontre majeure qui devrait regrouper au moins 300 participants issus des régions, du district de Bamako et de la Diaspora .

A travers un communiqué de presse signé à Paris le 22 mars 2017 par les Maliens de France, à travers différentes associations (APSM, APM, ADVK, CADERCAF JUNIOR, COLLECTIF CITOYEN MALI, COLLECTIF MAINS PROPRES , CMFPAIX , CNJMF, CONVERGENCE NORD-SUD, DYNAMIQUE DE FOYERS, EJM, GAO LAMA, MDDM et SONGHOY GANDA ETC.), les maliens de France comptent organiser un sit-in à Paris devant l’Ambassade du Mali en France le Dimanche 26 mars 2017 à 14 h .

Ils entendent par ce sit-in : Rejeter le caractère non inclusif et inopportun de la conference dite « d’entente nationale » annoncée pour les dates du 27 Mars à Bamako ;

Dénoncer les dérives du processus de paix, nées des insuffisances de l’Accord pour la Paix et la reconciliationdu15 mai 2015 ;

Expliquer les préoccupations la vision des maliens de France pour le désarmement de tous les groupes armés et la restauration sans délai de l’intégrité territoriale du Mali, son unité dans la diversité, la justice et la réconciliation des maliens et le retour des refugiés. Par ce communiqué, les maliens de France tiennent à dire « non à un processus de paix bâclé et illégitime »

Il faut dire que les temps sont durs pour le gouvernement qui, s’il ne prend pas en compte les acteurs de la conférence d’entente nationale, celle-ci pourrait être le début d’une crise qui fera souffrir davantage l’accord de paix. Les grèves des enseignants, du secteur de la santé, et l’insécurité persistante au Nord tout comme au centre du pays suffisent déjà au quotidien des populations.

Quand le gouvernement récapitule

Et enfin, le gouvernement semble entendre de la bonne oreille les réclamations des groupes armés signataires et de l’opposition. Le 27 mars ne sera finalement que le lancement d’un processus qui excédera une semaine. Sidi Brahim Ould Sidatt, un des responsables de la CMA est confiant et explique : « En première phase, il y a une ouverture et une restitution des travaux qui ont été faits en amont, une suspension et maintenant les travaux qui vont se faire au niveau de la base et qui peuvent durer quatre à cinq semaines. Il y a maintenant des travaux de restitution dans lesquels un travail de fond sera fourni et dans lesquels chaque malien se reconnait. »

En plus des groupes armés signataires, l’opposition aussi ne voulait pas entendre parler d’une «  conférence d’entente nationale express ». Comme les autres acteurs de la question l’opposition estime qu’il n’y a pas eu des consultations inclusives. Notons que deux thèmes sont inscrits au programme de la conférence : les causes profondes de la crise du nord et une charte pour la paix.

Une panacée espère t-on pour le Mali !