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Constitution: Blaise a osé

Les quelques sceptiques sur les intentions de Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir à  vie viennent d'être convaincus :…

Les quelques sceptiques sur les intentions de Blaise Compaoré de se maintenir au pouvoir à  vie viennent d’être convaincus : ni la rue, ni les pressions internationales, ni les défections dans son propre camp ne dévieront la président du Faso de la trajectoire qu’il s’est tracé. Il aura juste attendu que la tension retombe un peu pour convoquer un conseil extraordinaire des ministres pour lui faire adopter un projet de loi pour la tenue d’un référendum en vue de la révision de la constitution. Le projet de loi va être soumis à  l’Assemblée nationale o๠il dispose d’une majorité écrasante pour vote, ce qui augure d’un passage sans encombre. Le mauvais exemple La pression était forte sur le pouvoir burkinabé. Depuis plusieurs semaines, voire des mois, les voix se sont élevées pour condamner le projet de Compaoré. La critique la plus acerbe et la plus directe est venue de Washington qui avait mis en garde contre toute réforme constitutionnelle à  des fins opportunistes en Afrique. En marge du sommet Afrique-Etats-Unis, l’administration Obama avait indiqué qu’elle ne tolérerait ce type d’initiative attentatoire à  la paix et à  la démocratie. Il semble que pour Compaoré, ces menaces n’aient pas porté et qu’il ait décidé de montrer qu’il était encore (et pour longtemps) seul maà®tre à  bord dans son pays. l’exemple burkinabé, si Compaoré arrive à  ses fins, pourrait en inspirer plus d’un dans la sous-région. En commençant par les deux voisins, le béninois Boni Yayi et le togolais Faure Gnassingbé, aimeraient bien se maintenir encore, alors que l’opposition réclame une alternance. La rue s’échauffe On se demande bien si Blaise Compaoré, 27 ans de pouvoir, sait à  quoi il s’expose et expose son pays, en voulant ainsi forcer sa réélection. Dès l’annonce de l’adoption du projet de loi, les manifestants ont envahi les rues de la capitale Ouagadougou pour protester. Et les choses risquent d’empirer. Treize organisations de la société civile ont d’ores et déjà  appelé la population burkinabé à  la résistance citoyenne face au projet de loi. Elles exhortent les Burkinabè « à  se lever comme un seul homme pour barrer la route à  la manipulation et coup d’Etat constitutionnel », a déclaré Me Guy Hervé Kam, membre du collectif anti-référendum. Selon lui, il s’agira pour la société civile d’organiser journée d’interpellation qui se tiendra devant l’assemblée nationale dès que le projet de loi portant révision de la constitution y sera introduit. Un appel a été également lancé aux forces de défense et de sécurité afin qu’elles fassent preuve de discernement et à  se rappeler que les Burkinabè qu’on peut leur demander de réprimer sont leurs frères, sœurs, enfants, parents et amis. Blaise a osé. La rue a parlé. Allons-nous vers un printemps burkinabé ?