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Côte d’Ivoire : des tirs d’armes lourdes à Abidjan

La situation dégénère en Côte d'Ivoire. Les forces de l'ordre fidèles à  Laurent Gbagbo ont dispersé jeudi matin des manifestants…

La situation dégénère en Côte d’Ivoire. Les forces de l’ordre fidèles à  Laurent Gbagbo ont dispersé jeudi matin des manifestants qui voulaient marcher sur le siège de la télévision nationale à  Abidjan, à  l’appel du camp de son rival Alassane Ouattara. Au moins quatre personnes ont été tuées par balles. Autour de l’hôtel du Golf, QG de Ouattara, les forces pro-Gbagbo ont également échangé des tirs d’artillerie avec des éléments de l’ex-rébellion ivoirienne, qui le défendent. La manifestation prévue est une étape majeure dans l’affrontement entre les deux hommes, dont l’un (Ouattara) est reconnu par pratiquement toute la communauté internationale suite à  l’élection du 28 novembre, tandis que l’autre (Gbagbo) s’est maintenu au pouvoir envers et contre tout. Entre 300 et 400 jeunes qui tentaient de quitter le quartier d’Abobo, fief de Ouattara dans le nord de la capitale économique, ont été dispersés par une quinzaine de membres des Forces de défense et de sécurité (FDS). Un journaliste a pu voir les corps de trois personnes tuées par balles. Non loin de là , dans le quartier d’Adjamé, d’autres jeunes manifestants ont barré une route et jeté des pierres, mais des gendarmes les ont dispersés en tirant en l’air. Dans un autre quartier populaire dans le sud de la ville, Koumassi, un journaliste a vu la Croix-Rouge emporter le corps d’une victime, également tuée par balle. La tension était très vive dans cette zone, o๠une trentaine de personnes faisaient face à  une dizaine de policiers armés. Les partisans d’Alassane Ouattara ont prévu de marcher vers le quartier chic de Cocody, au sud, o๠se situe le siège de la télévision publique RTI, aux mains du camp Gbagbo. En prévision jeudi matin, le périmètre autour du siège de la télévision d’à‰tat a été hermétiquement bouclé par les forces de l’ordre loyales à  Laurent Gbagbo. Des véhicules blindés ont été positionnés, canons pointés vers l’extérieur du périmètre, aux deux extrémités de la grande artère longeant la RTI, et des membres des FDS montent la garde, kalachnikov à  la main. Paris appelle «à  la retenue» Depuis son annonce, la marche suscite une grande inquiétude, à  l’intérieur du pays comme à  l’étranger. Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo a d’ores et déjà  prévenu qu’il engagerait des poursuites contre quiconque serait responsable de violences meurtrières en Côte d’Ivoire. «Nous n’avons choisi aucun camp dans cette affaire. Quiconque se rend coupable (de crimes), quel que soit son bord, sera poursuivi», a-t-il averti. La France appelle de son côté «à  la retenue de part et d’autre», a déclaré jeudi la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie. «Je crois à  l’acceptation par Gbagbo des résultats de l’élection o๠les Ivoiriens ont très clairement désigné Ouattara comme leur président», a-t-elle ajouté. La ministre a confirmé que la France n’a pas l’intention d’intervenir militairement en cas de violences, comme l’avait déjà  dit la veille le ministre de la Défense, Alain Juppé. «L’ONU, à  travers l’Onuci c’est-à -dire les forces internationales (en Côte d’Ivoire) sont là  pour essayer d’éviter la violence». Michèle Alliot-Marie s’est dite en outre «extrêmement soucieuse de la protection des Français», tout en ajoutant qu’il n’y a «pas de menaces précises». Les 900 soldats français de l’opération Licorne déployés en Côte d’Ivoire sont «en capacité» d’évacuer les quelque 15.000 ressortissants français si nécessaire, a assuré Alain Juppé. Si Paris déconseille à  ses ressortissants de se rendre en Côte d’Ivoire, aucun ordre d’évacuation n’a pour le moment été donné aux expatriés. La Belgique a en revanche conseillé jeudi à  ses ressortissants sur place de quitter le pays.