Coulisses d’une investiture en cinq actes

Dioncounda Traoré Calme, attentif, l'ancien président de l'Assemblée nationale a scupuleusement écouté les magistrats de la Cour suprême et suivi…

Dioncounda Traoré Calme, attentif, l’ancien président de l’Assemblée nationale a scupuleusement écouté les magistrats de la Cour suprême et suivi les instructions du représentant du protocole. Son discours rassembleur, entre accents lyriques et guerriers, a globalement été apprécié. « Il a fait un discours à  la mesure des l’événement, dans lesquel tout le monde peut se retrouver. Les Maliens attendent ça d’un président de la République », estimait le président du mouvement des jeunes de l’union pour la république et la démocratie (URD), Madou Diallo. Sanogo rock-star Homme de la cérémonie, le président par intérim s’est néanmoins fait voler la vedette par le chef du CNRDRE, le capitaine Amadou Haya Sonogo. Un peu à  l’image de la cérémonie, au cours de laquelle les militaires occupaient les premiers rangs face à  la scène tandis qu’ambassadeurs et partis politiques étaient placés sur les côtés. En montant sur scène et en faisant le salut militaire face au nouveau président le putschiste a pu tester sa popularité. Son gest a suscité un tonnerre d’applaudissements et une « standing ovation » de la salle. Même le masque figé des hôtesses d’accueil a disparu face au capitaine capitaine, dont la photo ornait les badges de militaires présents dans la salle. Alpha Oumar Konaré, toujours attendu Pourquoi ne parle-t-il pas ? Qu’attend-t-il ? Que fait-il ? Alpha Oumar Konaré ne dit mot depuis le coup d’Etat, et cela dérange. Certains pensent qu’il devrait peser de son poids d’ancien président de la République dans le débat politique actuel. Membre fondateur de l’ADEMA, dont Dioncounda Traoré était le candidat à  l’élection présidentielle. A défaut de s’exprimer c’est l’un de ses enfants qui le fait. « Fils de Alpha Oumar Konaré, et de Adame Ba Konaré, je réponds à  ceux qui pointent mon père de l’index », écrivait le 25 mars sur Facebook le dernier fils de l’ancien président. « Assez d’entendre des leaders politiques incapables, haineux, assoiffés de pouvoir salir le travail d’une vie. Depuis son enfance, mon père s’est préparé à  travailler pour le Mali. Arrivé à  la fonction de commandeur en chef, il a effectué sa tâche, puis s’est tu, afin de laisser son successeur continuer la stabilisation du pays. Il aurait pu aller plus loin, mais il ne l’a pas fait, donc arrêtons de spéculer. Telle était sa volonté, et ça, C’’était pour le mieux. » Oumar Mariko. Après la lumière, l’ombre Premier homme politique à  avoir soutenu le coup d’Etat, le candidat du SADI Oumar Mariko se fait maintenant discret. Il faut dire que les événement récents n’ont pas tourné en faveur des pro-putchistes, avec la condamnation de la communauté internationale puis l’embargo de la Cédéao et enfin la signature de l’Accord cadre. Pas étonnant donc que l’ancien secrétaire général de l’Association des élèves et étudiants du Mali n’ait pas été aperçu lors de l’investiture de Dioncounda Traoré. Sa position est inchangée. Il ne composera pas avec les principaux partis politiques pour la gestion du pouvoir. Son mouvement de soutien a appelé le 13 avril à  « une tenue immédiate de la convention nationale pour gérer les insuffisances de l’accord cadre ». Amadou Toumani Touré, une page tournée Après dix ans au pouvoir le président renversé Amadou Toumani Touré (ATT) a disparu des conversations et ne compte plus parmi les préoccupations des Maliens. Lors de la cérémonie personne n’a nommé celui qui a officiellement démissioné le 8 avril en demandant « pardon à  toutes celles et tous ceux qui ont pu souffrir des actes que J’ai posés, sans intention de nuire ». Entré par la grande porte dans la vie politique du continent en renversant Moussa Traoré pour installer un régime démocratiquement élu, ATT en ressort par la petite, en attendant qu’il fasse partager un jour à  des oreilles attentives ses sentiments profonds sur son destin de chef d’Etat emporté par ses faiblesses et par le cours de l’Histoire. Par Modibo Fofana