DDR : la course à l’armement

Paradoxalement, le processus de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (DDR) dont on attend toujours le démarrage, est synonyme au nord du Mali de réarmement…

Paradoxalement, le processus de Désarmement-Démobilisation-Réinsertion (DDR) dont on attend toujours le démarrage, est synonyme au nord du Mali de réarmement d’une certaine frange de la population. Une situation qui complique davantage la donne sécuritaire sur le terrain.

Il faut rappeler qu’au terme de l’Accord pour la paix et la réconciliation, les ex-combattants doivent déposer les armes et se faire enregistrer afin de bénéficier du processus de DDR. Pour le gouvernement, il s’agit d’une priorité. Mais pour les groupes armés, en particulier les signataires de l’accord, la priorité c’est l’installation des autorités intérimaires. Les dissensions sur ce sujet ont entraîné un blocage dans la mise en œuvre de l’accord et donc du processus DDR, surtout en ce qui concerne l’enregistrement des hommes. « Il y a une question d’organisation. Il faudrait d’abord qu’il y ait un lieu où cantonner les gens, puis assurer la sécurité, l’eau, l’électricité. Il n’y a rien de tout cela, et ça va prendre du temps. Si l’on croise les bras en attendant le cantonnement, ça va créer des problèmes », explique un cadre de la CMA, joint par téléphone.

Des centaines de jeunes, pour la plupart au chômage, se sont rapprochés des groupes armés pour se faire recenser. « Certains sont prêts à payer pour voir leur nom apparaitre sur la liste d’un des mouvements », explique notre source. « Les mouvements n’ont pas le nombre de combattants qu’ils annoncent », assure un autre interlocuteur. Pour exemple, le MNLA a annoncé une « première liste d’environ 9 000 hommes, alors que ses effectifs dépassent difficilement les 900 combattants. Il y a donc de la marge pour intégrer ces jeunes » dont certains viendraient même de Bamako et pour lesquels le DDR représente une véritable aubaine. Or, la condition principale pour le combattant est la présentation de son arme. C’est là que le bât blesse car, c’est un véritable marché de l’armement qui s’est installé dans la région avec comme corollaire, des jeunes gens désœuvrés, sans le sou, et qui se livrent à toutes sortes de délits pour survivre. « En ce moment il y a beaucoup de problèmes à Kidal avec des vols de motos, des braquages de boutiques. Tant qu’il n’y a pas de cantonnement  et qu’on ne retire pas leurs armes à ces jeunes, la situation ne va pas s’améliorer », affirme un habitant de Kidal.