DDR : quand « les enfants bergers deviennent les chefs »

Dimanche 10 avril, un atelier de réflexion sur l'intégration des ex-combattants dans l'armée a pris fin à  Bamako. Les recommandations…

Dimanche 10 avril, un atelier de réflexion sur l’intégration des ex-combattants dans l’armée a pris fin à  Bamako. Les recommandations ne sont pas communiquées, mais le pays tout entier a les yeux braqués sur ce processus, nécessaire au silence des armes et à  la lutte conjointe contre les terroristes. Les questions sont nombreuses concernant le DDR (Désarmement, Démobilisation et Réinsertion), dont la mise en œuvre coûtera la bagatelle de 27 milliards de francs CFA, financés par la Banque mondiale. Un partenaire qui a promis de suivre de près le processus afin que l’enrôlement des ex-combattants tienne compte non seulement des dispositions de l’Accord de paix, mais aussi de la loi d’orientation et de programmation militaire. DDR, comment ça marche ? Le principal sujet de préoccupation concerne les critères prévalant au recrutement. Les partenaires du Mali ont en effet recommandé que celui-ci soit étendu à  tous les cercles. Mais le ministère de la Défense et des Anciens combattants a établi des garde-fous et des conditions à  remplir. Selon le chef du département, Tièman Hubert Coulibaly, il s’agit de l’appartenance à  une unité combattante d’un mouvement signataire de l’accord issu du processus d’Alger, la définition de l’emploi au sein de l’unité combattante, l’expérience professionnelle, la limite d’âge, le grade, l’aptitude et les exemptions de mandats de dépôts. Tous les combattants ne peuvent donc pas être éligibles à  l’intégration. « Cela évitera par exemple d’incorporer des enfants ou des éléments recherchés par la justice nationale ou internationale », précise le ministre. Pourtant, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), à  elle seule, souhaite intégrer 10 000 éléments avec leurs grades respectifs. Un chiffre qui fait sourire, tant il semble déconnecté de la réalité du terrain. « Gonfler les chiffres est vieille stratégie des rebellions maliennes pour obtenir davantage de revenus liés au nombre de combattants », estime un diplomate européen. D’autre part, si l’accord prévoit la réintégration avec leurs grades des combattants rebelles ayant déserté l’armée, la question fait largement débat. Au point que certains observateurs redoutent des mouvements d’humeur au sein de la grande muette. Un militaire confie sous couvert d’anonymat : « au prix de la paix, nous sommes encore sacrifiés à  nos bourreaux. Les enfants bergers deviennent encore nos chefs. Et rien ne prouve qu’ils ne vont pas repartir ». Compte tenu de cette opinion largement répandue, la réconciliation devra aussi se faire au sein de l’armée.