Débats de femmes aux « Voix de Bamako » : les langues se délient

Ca se passe sous l'arbre à  palabres du Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ de Bamako, pas loin sur…

Ca se passe sous l’arbre à  palabres du Palais de la culture Amadou Hampaté Bâ de Bamako, pas loin sur les berges du fleuve du Niger, les artistes se préparent à  investir la scène, dès la tombée de la nuit. Mais avant, les femmes sont là  pour débattre ! Exploitation, immigration et leurres Premier thème, les femmes et l’immigration mais aussi l’exploitation dans le mariage. Autour de Mme urbain, présidente de l’association APAFE Muso Dan Be, elles évoquent leur quotidien de femmes, le rôle des aides ménagères dans leur vie : ces filles qui viennent de la brousse et investissent les demeures de la capitale : s’en suivent contrariétés, filles enceintes, et problèmes familiaux, maladies, infections au VIH SIDA. Les violences sexuelles sont aussi évoquées, l’exploitation de cette main d’oeuvre, bon marché, payées pour certaines 7500 francs CFA le mois et qui travaillent non stop ! Pour certaines, le fait d’employer ces filles, vient combler le vide laissé par les maris, partis à  l’aventure. Tout est lié. Une femme seule sans ressources, un homme absent, une fille à  tout faire. On s’interroge sur la manière d’encadrer ces jeunes filles : « effrontées parfois », juge une malienne qui se plaint d’avoir deux bonnes enceintes sous son toit ! ». Mme Urbain réplique :  » Nous sommes là  pour encadrer, aider, former les aides ménagères, leur inculquer des bases, et une organisation sociale. En matière de contraception, leur parler des méthodes, du planning familial etc.. » Lady Ngo Mang, journaliste à  3A Télésud et venue de Paris s’insurge :  » Comment aider ces filles, alors qu’on se connaà®t mal soi même, en tant que femmes ! Pourquoi ne pas utiliser les siens, la famille, les cousins, pour aider à  faire les tâches domestiques, au lieu d’amener ces filles du village à  la capitale ? » .  » C’est ainsi depuis longtemps au Mali », ajoute une autre.  » Oui mais bonjour les dégâts. Dégâts seulement ? Pour certaines, venir dans la capitale permet de travailler pour retourner l’été en famille et préparer leur trousseau de mariage. Cependant, la ville et ses leurres ont raison de certaines. On parle alors de sensibilisation, de campagnes d’information.  » C’est aussi à  ça que sert le festival Voix de Bamako, un festival Au féminin, réplique Fantani Touré, afin d’informer, de mettre en contact et de motiver à  faire des projets, outre le fait d’encourager les artistes. L’immigration et ses conséquences dans le foyer Cette fois, c’est Fantani Touré, la princesse de Bozola, qui anime la débat avec la réalisatrice Malienne Kadiatou Konaté. Sujet : l’immigration qui agit sur les familles, laisse une femme seule avec l’éducation de ses enfants. Les migrations internes, celles d’une progéniture qui s’en va orpailler ou fuir vers l’eldorado européen. Autant de phénomènes qui brisent des ménages, fragilisent des femmes, livrées au lévirat, à  la solitude ou à  la polygamie. De l’autre côté, pour celles qui ont atteint l’europe, survient l’exclusion, le manque d’intégration et l’enfermement entre quatre murs, d’une cité perdue de Champigny sur Marne :  » Je ne peux que témoigner de ce que je vois dans mon quartier en france. Ces femmes dépendantes de petit boulot, d’aides sociales et livrées à  elles mêmes », raconte Françoise Parent, présidente de l’association des femmes du quartier Mordacs. Mais le débat glisse vers les enfants. Ces jeunes Maliens, Africains, issus de l’immigration et dont l’avenir est menacé, l’éducation gâchée : » J’ai vu des jeunes dire non à  leurs parents, des enfants insulter leurs mères sans aucun remords dans le métro ! Est-ce que vous avez vu ça en Afrique ? », clame Fantani. Pour Mme Sanogo, résidente d’une banlieue française, il s’agit d’un manque de structuration, d’associations pour sensibiliser ces femmes immigrées et qui ne connaissent pas leurs droits ! « En France, la loi est stricte! », ajoute Fantani, moi j’ai un pied ici au Mali et là  bas, et je peux vous dire que ce n’est pas gai la vie Française! ». « Si tu ne sais pas o๠tu vas, sache au moins d’o๠tu viens, ajoute Kadiatou Konaté car il vaut mieux galérer ici qu’en France. » Pour une autre jeune fille, élève à  l’INA (l’institut National des Arts), c’est parfois le manque de modèles, la désillusion qui pousse les uns à  partir, à  envisager l’ailleurs, l’autre rive. Souleymane, jeune associatif, parle lui de projets pour retenir les migrants, le rôle de l’APEJ, pour promouvoir l’emploi des jeunes. Raviver l’espoir, promouvoir le rôle actif des femmes Mais surtout, ce qui ressort de ces deux jours de débat, c’est de réliser à  quel point ces femmes sont fortes quelque soit leur quotidien, celui de Oumou Coulibaly, veuve et vivant sous un toit qui tombe en ruine, trimant pour assurer la survie de ses sept enfants, ou encore Awa, jeune chef d’entreprise dans les BTP et qui cherche des marchés. Ou encore Lalla de l’INA, qui veut assurer la relève des comédiens Maliens, dans un institut o๠le théâtre n’est plus tout à  fait encouragé. Elles, ces femmes, ces jeunes filles, ont pris la parole pour dire leurs envies, leurs rages de vivre. Un proverbe dit que le Paradis se trouve aux pieds de la mère, qui éduque l’enfant, en fait un homme de substance, un homme du monde. Bob Marley chantait, . On ne le répètera jamais assez, la femme a toute sa place dans l’édification d’une nation, dans l’avenir d’une jeunesse en marche pourvu qu’elle s’en donne les moyens et l’envie, en dépit des contraintes sociales ou économiques. , affirme un leitmotiv… Samedi, au festival, Les Voix de Bamako, le dernier débat plus lourd sur l’excision, un phénomène qui touche les femmes Maliennes, aura lieu sous l’arbre à  palabre !