Délestage : sale temps pour les artisans

Souleymane Diallo tient un atelier de construction métallique sur la route Sébénicoro. Il y trime en compagnie de ses apprentis…

Souleymane Diallo tient un atelier de construction métallique sur la route Sébénicoro. Il y trime en compagnie de ses apprentis ce mercredi 22 mai 2013 à  22h 30 minutes au milieu des éclats d’étincelles et des bruits de fer. Un rythme inhabituel auquel s’est habitué le jeune soudeur depuis un certain temps. La raison est simple: les coupures récurrentes d’électricité qui émaillent la journée. « Cela fait près de deux mois que J’ai pris l’habitude de travailler pendant une bonne partie de la nuit en raison des coupures du courant », explique-t-il tout en regrettait au passage les désagréments causés aux voisins par les bruits tonitruants de ses outils de travail. Aussi M.Diallo nourrit-il des regrets liés à  la baisse de production et son corollaire de manque à  gagner. Quasi chômage technique « On travaille souvent moins de cinq heures pendant toute la journée. On est obligé de laisser partir les clients pressés qui préfèrent aller faire leur travail ailleurs. Depuis le début des délestages intempestifs, mon atelier gagne très peu d’argent », se lamente le soudeur de 33 ans. Le même sentiment de détresse anime Oumar Koné, tailleur de son état. Les yeux marqués par l’insomnie dan s son atelier en Hamdallaye ACI 2000, Barou comme l’appellent affectueusement ses clients, s’affairent autour de sa machine à  coudre « Je n’ai pas pu travailler dans journée d’hier, C’’est pourquoi je suis en train de travailler avec mes apprentis depuis le retour du courant vers 23 heures ». A-t-il le choix ? La réponse est non si l’on en juge à  la présence des cinq filles qui ont pris d’assaut l’atelier ce jeudi à  10 heures et déterminées à  retourner avec leurs habits de mariage. Comme Souleymane Diallo, le quadragénaire se plaint de la baisse de rentabilité. Pour ne pas laisser son commerce péricliter, Sékou Coulibaly, vendeur de poissons de mer, s’est résolu à  acheter un groupe électrogène au grand dam de son portefeuille. Grâce à  cet appareil, il parvient à  faire fonctionner son congélateur pour que les poissons ne pourrissent pas. Moins grincheux, le photographe et cameraman Youssouf Camara minimise l’impact des coupures sur son rendement. Seules les coupures intervenues dans la nuit, explique-t-il, nous cause des préjudices. Pendant la journée, poursuit-il, on se débrouille à  faire des photos avec des batteries bien chargées. Evoluant dans le domaine de la vitrerie et de l’aluminium, Amadou Traoré s’en sort plutôt. « Nous faisons le gros de notre boulot sans recourir forcement à  l’électricité. Notre rythme de production et le rendement demeurent presque au même niveau », déclare le diplômé en sociologie reconverti.