IdéesÉditos, Idées




Diabali, pschitttt!

La nouvelle a fait le tour de la ville de Bamako comme une traà®née de poudre. C'’était samedi dernier, et…

La nouvelle a fait le tour de la ville de Bamako comme une traà®née de poudre. C’’était samedi dernier, et la valse des messages, des appels téléphoniques et des publications sur les réseaux sociaux annonçait une grande nouvelle : l’armée a repoussé une attaque de combattants islamistes dans la zone de l’Office du Niger, à  Diabali, une localité située à  175 kilomètres au nord de Ségou qui abrite un poste avancé de l’armée malienne. Les commentaires ne laissaient nul doute que cette « action » de l’armée était saluée par tous, tant l’attente est grande de voir les militaires chasser les islamistes hors du territoire. Mais voici que quelques heures après, les communiqués des uns et des autres de succédant, on commence à  se demander s’il ne s’agit pas plutôt d’un « faux-événement », voire pire. Le gouvernement du Mali, très peu loquace sur ce qui se passe sur la ligne de front, si ligne de front il y a, s’est fendu d’un communiqué et annonce qu’une enquête sera diligentée suite à  la « fusillade » dans laquelle 16 personnes, membres présumés d’une secte islamiste, ont été abattus par l’armée dans le centre du Mali, au sud des zones du Nord occupées par des djihadistes. Huit victimes sont maliennes, les huit autres mauritaniennes. Elles étaient membres d’une secte islamiste dénommée « Dawa » et se rendaient, selon leurs proches, à  une rencontre avec des coreligionnaires à  Bamako. Selon des sources au ministère malien de la Sécurité intérieure, les seize hommes étaient à  bord d’un véhicule qui a refusé de s’arrêter au poste de Diabali. Les militaires en faction n’auraient donc eu d’autre choix que de tirer sur ceux qui ont été considérés comme « des ennemis ». Des ennemis désarmés ? Mais d’autres versions laissent perplexe. Le gouvernement mauritanien a ainsi dénoncé dans un communiqué la fusillade, parlant notamment d’un assassinat collectif injustifiable, les victimes étant des prédicateurs désarmés. Et nous tous alors de nous demander si ce qui s’est passé n’est pas simplement une bavure. D’autant plus qu’un Mauritanien, Dedi Ould Mohamed Mokhtar Ould Bouely, cité par un média international, a affirmé que son cousin, Oumane Ould Eleyat et les 15 autres personnes « ont été froidement tuées par l’armée malienne ». Perte de sang-froid ou réaction face à  une menace réelle, l’enquête le dira peut-être. Le fait est que tous les jours, sur les routes du Mali, circulent des véhiculent transportant des individus qui gagneraient à  être un peu plus contrôlés. Il ne s’agit pas de céder au délit de faciès mais tout simplement de sécuriser les accès à  la partie du pays qui est encore « vierge » – si l’on peut dire – de l’influence des extrémistes et autres bandits armés. Le problème est aussi que cet incident, qui a réveillé un court instant l’espoir des Maliens, vient illustrer à  quel point ceux-ci attendent une action de leur armée. Ce qui ne semble pas être pour demain. Une autre information circulant laissant croire que la ville de Mopti a été délestée de nos hommes en tenue, dès l’annonce de la venue vendredi dernier des membres du MUJAO pour la grande prière à  la mosquée de la ville. Info ou intox ? Une chose est sûre, les Maliens sont en train de perdre patience !