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Dialogue inclusif: le Mali face à son destin

C'est reparti pour un round. Alors que l'à‰tat malien est groggy après la défaite de Kidal, il s'assoit à  la…

C’est reparti pour un round. Alors que l’à‰tat malien est groggy après la défaite de Kidal, il s’assoit à  la table de négociation avec des groupes armés déterminés à  obtenir le maximum de concessions de Bamako. Pris entre le feu financier de la communauté internationale et la reprise du combat des groupes armés qui réoccupent progressivement les localités des régions de Gao et Kidal, les Maliens n’expriment que peu d’espoir en cette énième négociation avec ceux qui ont pris les armes contre le pays à  maintes reprises. Pour beaucoup, c’est contraint que le Mali se lance dans le processus qui démarre aujourd’hui, car ne disposant pas de toute la latitude pour imposer ses vues d’à‰tat souverain. Et ce n’est pas l’échange de prisonniers de ce mardi qui convaincra les sceptiques. Face à  face multi-partite A la table de discussions, le gouvernement malien sera face au MNLA(Mouvement National de Libération de l’Azawad) , au MAA (Mouvement Arabe pour l’Azawad), HCUA(Haut Conseil pour l’Unité de l’Azawad). A eux trois, ces mouvement représentent la branche radicale de la rébellion, celle qui continue d’exiger un statut d’autonomie. Alors que la communauté internationale exclut toute idée de partition du Mali, ces groupes sous la houlette du MNLA continuent d’oeuvrer pour la création d’un Etat d’Azawad avec ses organes institutionnels. Selon un document entériné le 14 juin dernier, signé des trois entités, la future collectivité de l’Azawad serait créée par une loi organique votée par le parlement malien. Dans ce document leur territoire se limite aux trois Régions du Nord du Mali. Cette position des groupes armés risque de rendre difficile la négociation voire de la faire tout simplement avorter. Les revendications du MNLA et ses alliés étant depuis toujours rejetées par le gouvernement qui ne veut as discuter de l’intégrité territoriale du pays. Participeront également à  la réunion d’Alger, d’autres mouvements plus modérés. Il s’agit de la Coalition du peuple pour l’Azawad (dissidence du MNLA dirigée par Ibrahim Ag Mohamed Assaleh), de la Coordination des mouvements et forces patriotiques de résistance (regroupant les mouvements armés sédentaires) et d’une partie du Mouvement Arabe pour l’Azawad . Pour ces derniers, il n’est pas question d’une partition du pays. Ils ont d’ailleurs accepté de signer une « Plateforme préliminaire d’Alger », rendue publique le 14 juin dernier. « Les signataire de cette plate forme ont tous affiché leurs volonté en s’engageant à  respecter l’intégrité territoriale et l’unité, la laà¯cité de l’Etat et son caractère républicain conformément aux accords de paix ». La Plateforme indique aussi la volonté des trois groupes est de « s’engager avec le gouvernement du Mali de manière constructive sur la voie du dialogue et de la négociation pour une nouvelle gouvernance répondant aux aspirations profondes et aux revendications légitimes des populations des Régions du Nord du Mali (…) lesquelles aspirations reflètent en réalité la diversité géographique sociale et culturelle du Mali « . Le document insiste sur la promotion d’une « plus grande participation des communautés dans la gestion de leurs affaires et des affaires publiques et une présence accrue et équilibrée de ces communautés dans les différentes sphères politiques et administrations de l’Etat ». Avec des positions aussi divergentes, le moins qu’on puisse dire est qu’à  Alger, les choses ne seront pas faciles. La délégation gouvernementale, forte de six ministres et des acteurs de la réconciliation nationale malienne, entend bien maintenir ses positions et obtenir des gages sûrs de ses interlocuteurs. Du côté des mouvements rebelles, on se sent conforté par les récentes victoires militaires et on veut garder une position ferme en vue d’obtenir le maximum. Que va donner ce rendez-vous? C’est la question que se posent les Maliens, persuadés que l’avenir de leur pays se joue là , sur cette terre algérienne qui aura vu défiler bien des « frères ennemis » maliens au cours des dernières décennies. Et quand on apprend que pour le MNLA, la rencontre d’Alger qui s’ouvre aujourd’hui n’a guère d’importance car n’étant qu' »une prise de contact avec le gouvernement malien ». L’autre n’a-t-il pas dit que « comme on fait son lit, on se couche »?