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« Diantre, d’où m’est venu ce virus ? »

Au sein d'une association dont il assure la permanence administrative, il se bat contre le virus du Sida. l'homme, en…

Au sein d’une association dont il assure la permanence administrative, il se bat contre le virus du Sida. l’homme, en bon père de famille et en bon musulman, s’est résigné à  ne plus penser à  la mort puisque, affirme-t-il, « le soleil brille pour tout le monde ». Journaldumali.com s’est entretenu avec lui. JDM : Comment avez vous appris l’existence de votre cas ? M. DIALLO : C’’est après un conseil pré-test avec le médecin traitant qui me suivait pour une maladie récidiviste que J’ai donné mon consentement pour un dépistage anonyme et volontaire car ayant décelé des signes évocateurs de l’infection. C’’est au retour des résultats d’analyses que J’ai été informé de ma séropositivité. Selon vous, d’o๠vous est venu le virus ? C’’est la plus grande équation à  laquelle je n’ai pu apporter de réponses exactes car sur le plan sexuel, si je n’étais pas chaste à  100 % aussi, je me disais que mes derniers rapports sexuels dataient de 6 à  7 ans avant cette annonce et que la dernière relation C’’était avec mon épouse avant notre divorce et jusqu’à  aujourd’hui celle-ci vit bien et ne semble pas souffrir de cette maladie. Bien que J’ai eu des renseignements comme quoi la période d’incubation du virus peut durer longtemps, je n’ai cessé de chercher un mobile autre que la transmission sexuelle mais en vain. Qu’est ce qui a changé dans votre vie depuis ? Beaucoup de choses : d’abord J’ai changé de comportement en évitant d’abord tous les facteurs de risques d’aggravation de la maladie, ensuite tous les facteurs de risques de transmission du virus pour mon entourage, ma famille et la Société ; enfin après quelques moments de panique liés à  l’histoire cruelle de la maladie, je me suis engagé résolument dans la lutte contre le fléau auprès de tous ceux qui cherchent la solution au problème de cette pandémie. Le sida ne tue pas plus que le paludisme Comment vivez-vous avec le VIH ? Malgré le tapage médiatique et la peur qu’engendre ce mal, je banalise la maladie avec philosophie en me disant qu’à  côté il y a le paludisme, le cancer, le diabète et surtout il y a des gens qui meurent chaque jour et de rien. Votre famille est-elle au courant ? Vu le manque d’informations vraies et la stigmatisation, la majeure partie de ma famille ignore ma séropositivité malgré les doutes sur mon état de santé toujours défaillant. Néanmoins J’ai mis au parfum ceux qui étaient censés comprendre et ainsi ils ont partagé avec moi les soucis et les émotions et matériellement et moralement me permettent de vivre au mieux ma séropositivité dans la confidentialité requise. Quid de votre entourage ? Les questions se posent sûrement à  mon insu mais cela ne m’empêche point de vivre ma vie et d’avancer sans tourner la tête. Vos amis sont-ils encore avec vous ? Les anciens amis ont demeuré et mieux encore J’ai pu en avoir de nouveaux dans la grande famille de tous qui luttent contre la maladie. Avez-vous eu des enfants depuis ? Le désir d’avoir un enfant m’a souvent habité mais face aux risques énormes que cela peut engendrer, J’y ai mis une croix en attendant que la science nous libère. Vous arrive-t-il de penser a la mort ? M. DIALLO : Plus souvent que les autres mais C’’est pour aussitôt l’écarter d’un revers de main pour penser à  l’avenir. Vous arrive-t-il de prendre de l’alcool ou d’autres produits pour oublier ? Dans les premiers moments, somnifères, calmants, tout y a passé, tout ce qui pouvait permettre de dormir et d’oublier cette hantise et ces cauchemars. Après entretiens et conseils psychologiques avec le corps médical, les assistants sociaux et accompagnants, ça s’est estompé et présentement ce ne sont que des souvenirs. Le refus d’être stigmatisé Le regard de l’autre ne vous gêne pas dans la rue ? Puisque J’ai opté de vivre sans pesanteur aucune, cela ne me dérange guère, s’il y en avait car je ne m’en soucie pas. Vous considérez-vous comme un malade ordinaire ? Sans se voiler la face, il y a des pesanteurs psychologiques qui pèsent sur tout porteur du virus car les lendemains sont incertains, néanmoins le Soleil brille pour tout le monde et nul ne sait de quoi demain sera fait. Malade ou pas, tout le monde va partir. Ainsi, Sida, cancer, diabète, paludisme sont des maladies et si on en guérit pas définitivement, on peut vivre avec le plus longtemps possible avec la volonté de Dieu. C’’est combien le coût de la prise en charge médicale ? Au Mali, la chance pour un porteur du virus C’’est qu’il peut disposer d’une bonne prise en charge médicale car les ARV sont maintenant disponibles et surtout gratuits alors qu’ils coûtent près de 600 000 F CFA. Seules les maladies opportunistes constituent un réel problème vu le coût parfois exorbitant des médicaments pharmaceutiques la fréquence des attaques et le manque de moyens des malades d’o๠la nécessité des ARV. Votre régime alimentaire est-il distinct de celui des autres ? En tout cas, il est opportun de se nourrir adéquatement lorsque l’on est infecté par le VIH Sida car la malnutrition a un effet très néfaste sur le Sida. Pas mal de structures se battent contre le sida n’avez-vous pas l’impression qu’elles vivent du sida et que ç’aurait été meilleur qu’on vous finance pour des projets susceptibles de vous rendre votre dignité d’homme ? Des projets ont été déposés auprès de quelques ONG de la place mais la suite se fait vraiment désirer. Seulement l’espoir demeure car C’’est tout ce qui peut affranchir les malades et les aider dans la recherche de leur insertion et réinsertion sociale. Suivez-vous les préceptes divins ? Dieu est seul juge en la matière mais je fais de mon mieux pour m’acquitter de mes devoirs envers lui, d’aimer ma famille et mes prochains, de les respecter au mieux et de les aider dans la mesure de mes forces et moyens.