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Didier Awadi: « Je suis politisé mais pas un politique»

De la réouverture de l'affaire Sankara aux comportements des présidents africains en passant par les clash entre rappeurs Maliens, le…

De la réouverture de l’affaire Sankara aux comportements des présidents africains en passant par les clash entre rappeurs Maliens, le leader du Positive Black Soul n’esquive aucune question. Journaldumali : Didier Awadi, vous êtes du Positive Black Soul (PBS), un groupe mythique. C’’est quoi la recette miracle du PBS ? Didier Awadi : Il n’y a pas de recette miracle. C’’est une histoire humaine faite par passion. On avait la passion du break-dance et du smurf. On en a eu marre et on s’est arrêté car on se fait plaisir en jouant. On marche au feeling, on est nous-même. On ne s’est pas rendu compte qu’on a fait vingt-cinq ans de musique. Le feeling est revenu et on se remet ensemble avec le même bonheur et la même passion. Nous n’avions ni problème de femme ni problème d’argent d’o๠la facilité à  se retrouver. Doug-E-Tee, justement C’’est qui pour vous puisque vous vous êtes retrouvé ? Vous savez, je ne me focalise pas sur ce que fait Doug–E-Tee, J’adore la chanson dédiée à  sa mère, ce qu’il fait est bien mais je préfère ce qu’il est. Ce qui nous lie est plus profond, C’’est une histoire humaine, on s’est pris la tête. Les histoires d’homme, on se prend la tête et on se reprend dans les bras. Doug –E-Tee, C’’est mon « dogo » pour parler malien, je suis son aà®né et au PBS la « korocratie » est une réalité. Doug-E-Tee est un pote et un frère. Le showbiz ne nous lie pas. Un moment on s’est dit stop. Chacun a pris sa voie pour se faire et fort heureusement aujourd’hui on se retrouve parce que l’envie est là . Avez-vous des regrets dans votre carrière ? Non, je ne regrette absolument rien. Je ne suis pas un nostalgique. J’ai tellement de choses devant que je ne regarde pas le passé sauf pour en tirer des leçons. Les choses négatives de cette carrière, je les mets à  l’écart et J’avance, je suis un homme du renouveau. Par exemple, le groupe Universal a décidé d’investir en Afrique et je me bats pour que les contrats à  signer soient équitables. Je refuse qu’on écrase les Africains, je veux créer un réseau panafricain favorable aux artistes et aux producteurs du continent. Je refuse les regrets, je les préfère aux succès et aux dires des gens que je rencontre qui me remercient en me disant « merci pour ce que vous faà®tes pour le continent » et ces mots je les garde dans mon C’œur. Didier, dites-nous, vous pensez parfois à  la mort ? Je suis vachement croyant et je pense à  la mort mais je n’ai pas peur de la mort. Je pense à  la mort et ce qui me stresse C’’est la minute qui suit la mort. C’’est un inconnu. J’ai peur de ce qui se passe après la mort. J’aimerai mériter mon paradis car J’ai fait trop de conneries et parfois je me demande si J’ai fait assez de bien pour mériter le paradis. Penser à  la mort m’oblige à  aller vite, à  accélérer les projets pour laisser quelque chose de positive à  la postérité. Que pensez-vous du rap Malien ? Je suis le rap Malien. Le premier groupe, Tatapound, a enregistré son album ici dans les locaux du studio Sankara. Je les ai produits avec ABBA. Actuellement, les groupes se tirent dessus, ils se clashent, nous l’avons vécu à  Dakar en 1998 et bientôt la situation va se stabiliser. J’aime ce rap qui évolue et ne comptez pas sur moi pour vous dire quel est mon groupe préféré au Mali. Didier Awadi est très politique, qu’est-ce qui vous empêche de briguer un poste électif ? Chacun a son rôle dans la société. Si chacun connait son rôle dans la société, la société avance. Je suis politisé mais je ne suis pas un politique. J’ai beaucoup d’amis politiciens mais je leur dis toujours que je n’hésiterai jamais à  les clasher s’ils se dérobent. On m’a proposé un poste de conseiller au ministère de la culture et J’ai décliné l’offre. Je préfère mon indépendance, ma liberté de ton, garder ma taille humaine d’autant qu’en étant couché tu ne peux pas coucher. Je suis mon propre patron et je me contente de jouer mon rôle. Le Burkina Faso a connu sa révolution et l’affaire Sankara sera réouverte. Qu’en pensez-vous ? Sankara est mon modèle. En quatre ans, il a atteint l’autosuffisance dans son pays. Sa famille est humble. Il n’avait aucun complexe. Il était indépendant, il n’a laissé que 300 milles francs dans son compte bancaire à  sa mort et ceci prouve qu’il est hors pair. Il nous inspire. La réouverture de son procès est un espoir. Didier quels sont les projets en vue et qu’est-ce qui vous fait courir ? Permettez-moi de paraphraser les Maliens « dans ce monde si vous avez un seul gombo », vous êtes mort. Partout en Afrique, la 4G sera présente et tout se passera dans les téléphones. Les gouvernants ne donnent rien, la solution est en nous. Je suis fils d’enseignant mais je vis décemment. Je traite d’égal à  égal avec les ministres et les présidents et J’ai plus de buzz qu’eux. Je suis consultant pour le groupe Universal, le groupe Canal, je fais du cinéma, de l’événementiel, de la sécurité, de la musique et plein d’autres choses. Le deal a changé, il faut du gagnant-gagnant, il ne faut pas avoir de complexe en business, nous sommes dans un monde de compétitions et toute personne qui prétend venir m’aider je lui demande de retourner chez elle car la personne vient pour ses intérêts et elle trouvera en face d’elle un homme qui sait défendre ses intérêts. Les jeunes africains doivent se lancer dans des initiatives privées pour être indépendants.