Difficiles négociations pour la transition malienne à Ouagadougou

En conclave depuis samedi à  Ouagadougou, les partis politiques maliens et la société civile ont rencontré le médiateur Blaise Compoaré…

En conclave depuis samedi à  Ouagadougou, les partis politiques maliens et la société civile ont rencontré le médiateur Blaise Compoaré pour discuter des modalités de la transition, en accord avec la feuille de route instaurée par l’Accord Cadre du 1er Avril signé entre la junte et la CEDEAO. Le pouvoir rendu aux civils, avec l’investiture de Dioncounda Traoré, comme Président par Intérim, quelle sera la suite après la période de transition de 40 jours définie par la Constitution malienne ? C’est là  que le bât blesse avec des divergences notoires entre les membres de la junte représentés à  Ouagadougou et les partis politiques. Toute la journée du samedi, aucun accord n’a pu être trouvé entre les partis et ce dimanche, la médiation a présenté aux parties, de nouvelles propositions… Du côté du CNRDRE, certains souhaitent le retour des militaires après ladite période, mais du côté du FDR, le Front Uni pour la Sauvegarde de la démocratie, qui réunit une trentaine de partis politiques majeurs comme l’Adema, l’URD ou le Parena, on souhaite un rallongement de la durée de l’intérim à  un an, ce qui pemettrait au Président par Intérim d’organiser des élections et de régler la question du Nord. Une mission délicate pour le futur gouvernement d’Union Nationale qui doit être formé après désignation du Premier Ministre de Transition, doté de pleins pouvoirs… Et selon une source, le CNRDRE viserait une dizaine de postes dans ce gouvernement. L’équation reste complexe, avec la présence dans cette délégation de près de 80 personnes, d’Oumar Mariko, qui représente lui le Front des pro-putschistes. Les partis politiques arriveront-ils à  mettre leur divergences de côté pour s’entendre sur une feuille de route unilatérale ? L’urgence du nord Autre point dans les discussions de Ouaga, le Nord. Comment repousser les envahisseurs au nord, auxquels s’ajoutent chaque jour de nouvelles mouvances comme le MUJAO ou la secte Boko Haram ? Nombreux sont ceux qui ont demandé, en cas d’échec du dialogue, une intervention militaire de la Cédéao – qui en brandit la menace – aux côtés des forces armées maliennes pour reconquérir cette partie du pays. Or celles-ci après les défaites subies à  Tombouctou et Gao dernièrement sont en reconstruction. Un contingent militaire serait même en formation à  Sévaré, situé à  une quinzaine de kilomètres de Mopti. Mais cela suffira t-il face à  la menace islamiste ? Iyad Ag Ghaly, le leader du mouvement Ançar Dine, qui règne désormais sur la cité des 333 saints, a promis d’étendre son message sur tout le Mali et d’instaurer la charia à  la place de la laicité. Iyad Ag Ghaly, a libéré samedi 160 militaires maliens faits prisonniers lors des combats qui ont démarré en janvier. « Les prisonniers sont en route pour Bamako », a indiqué à  l’AFP un membre du Haut conseil islamique, qui a oeuvré à  leur libération. Du côté du MNLA, que l’on dit soutenu par la France, l’arrivée des islamistes a bouleversé tous les plans et la déclaration d’indépendance du mouvement rebelle, le 6 Avril s’est vu unanimement condamnée par la communauté internationale. Désormais, le mouvement indépendantiste est tiraillé entre consolider sa présence au Nord et l’éventualité de négotiations avec les nouvelles autorités de Bamako. La France a pourtant fait savoir qu’elle n’apporterait qu’un soutien logistique au Mali. Certains participants à  la rencontre de Ouagadougou, ont ainsi proposé de lancer un ultimatum aux groupes armés pour les forcer à  venir à  la table des négociations. Ce dimanche, un émissaire a été dépêché par le Président intérimaire à  Nouakchott, pour demander l’aide de la Mauritanie. Côté algérien, on est contre toute ingérence ou intervention militaire… L’émissaire Tiébilé Dramé a souhaité que s’ouvrent « bientôt » des entretiens entre Bamako et les rebelles « dans le cadre de l’intégrité territoriale du Mali ». Mais le MNLA, qui a proclamé « l’indépendance » de l’Azawad (Nord malien), n’est pas le seul maà®tre dans la région, o๠il subit l’ascendant des islamistes.