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Dioncounda, héros malgré lui

Les Maliens dans leur majorité ont condamné avec la dernière énergie l'agression dont a été victime Dioncounda Traoré au palais…

Les Maliens dans leur majorité ont condamné avec la dernière énergie l’agression dont a été victime Dioncounda Traoré au palais présidentiel de Koulouba le 21 mai, en marge d’une manifestation réclamant son départ. Agé de 70 ans, Dioncounda Traoré, blessé à  la figure et au dos, s’est envolé pour la France. Révoltante pour certains, humiliante pour d’autres, cette agression semble se retourner contre les organisations qui avaient appelé à  manifester. Le respect des personnes âgées, pilier de la société « l’une de nos valeurs traditionnelles est la respect des personnes âgées, sans distinction de statut social. Ce qui est arrivé à  Dioncounda Traoré va à  l’encontre de cette valeur cultivée par les Maliens de génération en génération », explique un quadragénaire du quartier Hamdallaye. Même les Bamakois qui ne portaient pas l’ancien président de l’Assemblée nationale dans leur coeur se prennent désormais de sympathie pour lui. « Dioncounda Traoré n’a jamais été ma préférence parmi les candidats. Mais aujourd’hui, J’ai de l’estime pour lui car il s’est sacrifié pour la nation en acceptant de continuer à  présider la transition malgré son agression. Ceux qui l’ont agressé sont de véritables apatrides», estime Hawa Diarra, secrétaire à  la mairie de la commune II. Pour l’opinion publique, Dioncounda Traoré est passé en quelques jours du statut d’héritier d’Amadou Toumani Touré, à  ce titre complice de l’effondrement de l’Etat, à  celui de victime. L’union des pro-putsch se fissure Son agression n’a pas seulement modifié l’opinion de la population à  son égard. Elle a aussi fait bouger les lignes au sein du mouvement pro-putsch. Les organisations membres de la Coordination des organisations patriotiques du Mali (Copam) ne soufflent désormais plus dans la même trompette. Le rassemblement du 23 mai au stade Modibo Keita a été un échec. Le président de la Copam Amadou Amion Guindo, par ailleurs secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Mali, aurait même « appelé les gens à  rester chez eux via certaines radios », rapporte un responsable politique proche des putschistes. Autre figure de la Copam, Younouss Hameye Dicko a pris ses distances avec le mouvement suite à  l’agression de Dioncounda Traoré, rapporte le même interlocuteur.