Dioncounda Traoré à Abidjan, la CEDEAO va-t-elle reculer ?

C'’est une visite éclair qu'effectue ce 16 mai Dioncounda Traoré en Côte d'Ivoire. Il doit y rencontrer le chef de…

C’’est une visite éclair qu’effectue ce 16 mai Dioncounda Traoré en Côte d’Ivoire. Il doit y rencontrer le chef de l`Etat ivoirien Alassane Ouattara, également président en exercice de l`organisation ouest-africaine. Plus la date du 22 mai, échéance de l’intérim au Mali, approche, plus la tension monte entres les différents acteurs de la crise politico-institutionnelle que traverse le pays depuis de coup d’Etat du 22 mars dernier. Depuis cette date, la junte dirigée par le Capitaine Amadou Haya Sanogo dirige de fait le Mali. Et ce, malgré la pression internationale qui l’avait obligé à  rendre le pouvoir aux civils suite à  un accord signé avec la CEDEAO, le 6 avril. Cet Accord-cadre stipulait une période intérimaire de 40 jours dirigée par le Président de l’Assemblée Nationale, puis une Transition. Qui doit diriger cette transition ? C’’est là  la question qui divise les maliens, du sommet à  la base, depuis maintenant plus d’un mois. Et à  6 jours de la date fatidique, aucun consensus ne semble se dégager. Ras-le-bol de Dioncounda Traoré Si le pays s’est doté depuis l’Accord-cadre d’un Président, d’un gouvernement dirigé par un Premier Ministre, la réalité du pouvoir semble toujours se trouver entre les mains du Capitaine Sanogo et de ses camarades, logés à  Kati, ville garnison, siège de CNRDRE. Après avoir tenté d’imposer Dioncounda Traoré comme Président d’une Transition qui durerait 12 mois, l’organisation sous-régionale a fait marche arrière face au refus du Capitaine qui n’entend pas être écarté même si, comme il l’a maintes fois répété, il n’a aucun objectif « pouvoiriste »(il n’entend pas s’accrocher au pouvoir, ndlr). La semaine dernière a été longue pour les deux médiateurs dépêchés par la CEDEAO à  Bamako. Ils ont tenté en vain d’aboutir à  un plan acceptable pour toutes les parties. En fin de semaine, C’’est donc bredouille qu’ils ont repris l’avion pour se rendre au Burkina Faso, faire le point avec le Président Blaise Compaoré. De sources proches de la présidence burkinabé, Dioncounda Traoré aurait appelé ce dernier pour lui faire part de son intention de jeter l’éponge, face au « refus de bouger » du CNRDRE. Une rencontre a eu lieu hier mardi entre M. Traoré, son Premier ministre Cheick Modibo Diarra, et le capitaine Amadou Haya Sanogo. Rien n`a filtré de cette rencontre. Alors, les choses ont-elles évolué ? Quid de l’initiative de la Convention Nationale prise par le Capitaine et qui doit débuter ce 17 mai et qu’une partie de la classe politique entend boycotter? Dioncounda va-t-il démissionner ? Un schéma à  la « malienne » ? Si Dioncounda Traoré démissionne avant la fin de la période d’intérim, ce sera de nouveau l’incertitude pour le peuple malien. La CEDEAO, qui s’est impliquée dès les premières heures de la crise malienne et qui a de nouveau menacé le pays de sanctions le lundi dernier, va-t-elle se retirer de la médiation et laisser les maliens trouver une « solution locale » ? C’’est du moins ce que soutiennent nos confrères de Koaci.com qui cite une source proche de la présidence burkinabé. « Faute de mieux, Blaise Compaoré, le médiateur de la Cedeao pour la crise malienne et Djibril Bassolé, son émissaire à  Bamako, auraient tranché pour la solution du chef de l’ex junte au Mali. Compte tenu du mauvais bilan du tandem Traoré-Diarra, initialement imposé par l’institution, cette dernière verrait en Sanogo finalement l’homme de la situation même si temporaire » peut-on lire sur le site. Pourtant, le Front uni pour la sauvegarde de la démocratie et de la République (F, s’oppose à  cette option et demande le retour pur et simple du pouvoir effectif aux civils. Pas question pour eux que le Capitaine dirige le Mali dans une période difficile comme celle qu’il traverse actuellement. Dans la rue à  Bamako, nombreux sont ceux qui pensent cependant que «laisser Sanogo diriger est un moindre mal». «Si C’’est ce qui peut résoudre le problème, finalement pourquoi pas. Le pays souffre trop» déclare N. Sidibé, garagiste désabusé. « Aucun politique ni militaire ne songe aux populations. l’essentiel, C’’est le Nord, alors finissons les querelles et occupons nous de cela » conclut-il. Les regards sont donc tournés vers Abidjan ce soir et le Centre International de Conférences de Bamako à  partir de demain. Les Maliens retiennent leur souffle, espérant qu’au 22 mai, un jour nouveau se lève sur leur pays territorialement désintégré.