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Discours sur le Nord : ATT a-t-il convaincu les Maliens ?

Plus de deux semaines après l'éclatement de la série d'attaques perpétrées par des «Â rebelles » contre des villes du Nord, ATT…

Plus de deux semaines après l’éclatement de la série d’attaques perpétrées par des «Â rebelles » contre des villes du Nord, ATT était très attendu sur la question. Après un discours de près d’une quinzaine de minutes, il y a très peu d’enseignements à  tirer, à  part l’appel à  «Â éviter l’amalgame » entre touaregs rebelles et ceux vivant au sud depuis de nombreuses années. C’’est un président de la République très décevant qui s’est adressé hier soir au peuple malien sur le Nord. Sans intérêt…le discours était véritablement vide de sens ! La déclaration du président ATT ce mercredi 1er février n’a rien de plus pertinente que celle prononcée le 23 mai 2006 à  Diéma au lendemain des attaques perpétrées par l’ex chef rebelle défunt Ibrahim Ag Bahanga. C’’est un discours vide de sens finalement auquel les Maliens ont eu droit. Car, il n’était pas à  la hauteur de la gravité de l’évènement. Du président ATT, on s’attendait à  un discours de fermeté digne d’un homme d’Etat qui explique comment il compte gérer la crise du Nord politiquement en tant que garant des institutions et premier militaire du pays. ATT devait aussi nous annoncer les perspectives dans la résolution de cette crise afin de rassurer les Maliens. Silence sur les mesures l’intervention du chef de l’Etat était d’autant plus attendue par les Maliens, qu’elle intervenait dans un contexte d’extrême tension, avec d’une part des épouses de militaires écoeurées par les conditions de combat auxquelles leur maris sont soumis. Et d’autre part, les manifestations des jeunes (particulièrement ceux de Kati) qui s’en sont pris aux touaregs vivant à  Bamako et à  Kati. On ne s’attendait pas peut-être à  ce qu’ATT nous dévoile sa stratégie de guerre contre les «Â rebelles », mais au moins qu’il explique au peuple malien les dispositions pratiques, moyens militaires et décisions politiques pour rétablir la quiétude au Nord. Aujourd’hui, il ne fait aucun doute qu’entre les assaillants et l’armée malienne les moyens militaires sont disproportionnés sur le terrain. Les spécialistes des questions militaires sont formels : pour gagner la guerre contre les combattants, l’armée du Mali doit se doter de moyens plus sophistiqués adaptés au contexte du terrain. l’un des points sur lesquels ATT est resté flou, C’’est surtout les dispositions mises en œuvre pour sécuriser les populations du Nord, notamment celles du sud en fonction en ce moment dans certaines villes. Ils sont enseignants, élèves maà®tres des IFM (Institut de formation des maà®tres), travailleurs des collectivités, etc. à  accepter de rester sur place pour leur travail. l’Etat a le devoir d’assurer leur sécurité ou de les rapatrier vers Bamako ou vers des endroits plus sécurisés que Kidal o๠les habitants d’Aguel Hoc ont été rapatriés après l’attaque. Et le discours d’ATT hier ne peut les rassurer sur ces points. ATT a certes eu raison de lancer un appel au calme et à  éviter l’amalgame, mais il n’annonce aucune mesure de sécurité en faveur des populations touaregs vivant au sud depuis plus de 40 ans. Il l’a dit «Â ils sont des Maliens comme nous tous ». Malheureusement pour des raisons d’incompréhension, ils sont la cible de violentes manifestations de colère. En tant que Maliens à  part entière, l’Etat a donc le devoir d’assurer leur sécurité. En n’annonçant aucune mesure de sécurité en leur faveur, le chef de l’Etat les abandonne à  leur triste sort. Bref, dans la forme ATT a eu raison de faire sa sortie médiatique, mais dans le fond son discours est vide de sens !