Économie




Djouka Sissoko : Orpailleuse par défaut 

Lorsqu’elle débutait dans l’orpaillage il y a une vingtaine d’années, Djouka Sissoko était loin d’imaginer que ce métier, qui lui…

Lorsqu’elle débutait dans l’orpaillage il y a une vingtaine d’années, Djouka Sissoko était loin d’imaginer que ce métier, qui lui a tout donné, deviendrait une véritable menace pour l’environnement et les générations futures. Elle en appelle aujourd’hui à un encadrement pour offrir un meilleur avenir aux jeunes, en leur garantissant une bonne éducation et de l’emploi.

Née d’un père cultivateur et d’une mère qui évoluait dans l’orpaillage, c’est presque naturellement qu’elle se tourne vers ce métier, dans une zone où les opportunités ne sont pas très nombreuses. La trentaine accomplie, elle rejoint une amie et commence « à tirer la corde » comme tous les débutants, avant de savoir creuser à son tour. Elles finissent par se faire aider par des hommes, avec lesquels elles partagent les gains lorsqu’il y en a.

Elle continuera à pratiquer son métier même après son mariage, son mari commerçant évoluant aussi dans l’orpaillage. Elle s’acquitte des frais de scolarité de ses enfants, nourrit sa famille et finit même par acheter une maison. Malgré « cette réussite », elle préfère que ses enfants poursuivent leurs études et ne suivent pas son chemin.

« C’est un travail physique très éprouvant, qui conduit à la déperdition scolaire ». Un fléau qui menace l’avenir des jeunes, qui choisissent souvent l’orpaillage parce qu’ils « n’ont pas de travail ». « Nous n’avons plus de terre et nous avons peur pour les générations futures », s’alarme-t-elle.

« Les étrangers viennent d’un peu partout. Ils creusent, ils utilisent des produits nocifs. Nous craignons que le Sahel avance. L’eau du fleuve et les poissons ne sont plus propres à la consommation », poursuit-elle, invitant les autorités à veiller à « l’avenir des enfants ». Même si son village de Sanougou, à environ 4 km de Kéniéba, dispose d’une école, ce n’est pas le cas partout et certains enfants sont contraints d’interrompre leurs études.

Fatoumata Maguiraga