Santé




Don d’organes : qu’en pensent les Maliens ?

Voici un sujet plus que tabou dans la société malienne : donner tout ou partie d’un organe humain pour sauver un…

Voici un sujet plus que tabou dans la société malienne : donner tout ou partie d’un organe humain pour sauver un malade. Nous nous sommes intéressés à la question.

Quand on demande si les gens sont prêts à donner « un peu d’eux-mêmes » pour sauver quelqu’un, les réponses sont un peu mitigées. Dave Dembélé assure qu’il est d’accord si cela peut sauver la vie de la personne. Moins catégorique, Abdoulaye Sissoko, lui, le « ferait peut-être si c’est pour quelqu’un de proche et s’il n’y a pas d’autre solution ». Et pour Oussou Diallo qui reconnaît que le don d’organe est « un geste vital qui permet de sauver son prochain », la chose est envisageable «dans la mesure où cela ne porterait pas préjudice à ma survie ». « Je n’y ai jamais pensé » avoue Diahara Diané, jeune cadre, « mais si ma religion n’y voit aucun inconvénient, alors pourquoi pas ? ». Pour le docteur Banzoumana Traoré, chercheur, « si cela sauve la vie de celui qui doit recevoir et n’ôte pas celle du donneur, la religion n’oppose aucune objection au don d’organe ». «  L’islam préserve cinq éléments jugés fondamentaux. La vie en fait partie », poursuit-il. Il précise que le don ne doit pas nuire non plus aux ayants droits (comme l’époux, l’enfant…).

Quid du don de l’organe  d’une personne décédée. C’est « inconcevable » pour Bibata qui affirme qu’elle ne pourra « jamais accepter qu’on charcute » le défunt. Oussou Diallo pense lui « que le scénario du défunt serait plus souhaitable qu’une personne en vie, mais il faut auparavant l’accord de la famille ». « La greffe est une disposition de la médecine moderne. La législation sanitaire devrait à mon avis s’étoffer dans ce sens » ajoute-t-il.

Au Mali, justement, la législation est plutôt bien faite en ce qui concerne le don d’organes. Selon le Pr. Mahamane Khalil Maïga, néphrologue et Chef de Service de néphrologie et d’hémodialyse au CHU du Point-G, de nombreux efforts consentis par le gouvernement  qui ont fait du Mali un  des rares pays d’Afrique qui ont adopté une loi pour la greffe des organes et qui disposent comme à l’hôpital du Point-G, d’une structure spécialement réservée à la greffe d’organes. Depuis 2005, le Pr se bat à travers l’Association malienne des insuffisants rénaux (Amadir) pour que la transplantation devienne une réalité au Mali. Il faut noter cependant que le plateau sanitaire disponible aujourd’hui ne permet pas de faire ce genre d’opérations, encore moins les greffes de cœur, etc.

Une chose est sûre en tout cas, c’est que les Maliens, plutôt les jeunes, sont assez réceptifs à la question. Peut-être parce qu’elle n’est encore que virtuel pour le moment. Gageons qu’ils soient toujours aussi motivés quand les conditions le permettront pour, comme le dit Moriba Sangaré, gestionnaire,  cela soit aussi évident que « le don de sang à la banque de sang !».