PersonnalitésInterview




Douty Coulibaly : « Les armes de la lutte syndicaliste sont nombreuses, il n’y a pas que la grève »

Les syndicats de l’éducation nationale ont effectué une marche pacifique sur l’étendu du territoire national ce mercredi 5 avril. À…

Les syndicats de l’éducation nationale ont effectué une marche pacifique sur l’étendu du territoire national ce mercredi 5 avril. À Bamako, la marche a débuté du monument de l’indépendance jusqu’au ministère du travail et de la fonction publique. Les syndicats ont aussi déposé un préavis de grève de 240 heures qui prendra effet le 10 avril jusqu’au 23 avril 2017. Douty Coulibaly, syndicaliste et secrétaire aux relations extérieures de la fédération de l’éducation nationale des sports, des arts, des recherches et de la culture a répondu aux questions du Journal du Mali sur les raisons de cette mobilisation.

Vous avez marché ce mercredi 5 avril, quels sont les objectifs de cette manifestation ?

Le but de cette marche, qui n’a pas eu lieu seulement à Bamako mais sur toute l’étendue du territoire, est de montrer à l’opinion nationale et internationale notre mécontentement face l’attitude et à l’indifférence du gouvernement envers les enseignants. Je profite de l’occasion pour dire que nous sommes toujours ouvert au dialogue. Nous demandons que les accords qui ont été conclus soient mis en œuvre dans leur totalité. Cette marche est pacifique. Nous sommes des enseignants, nous sommes civilisés.

Votre préavis de grève du 24 mars dernier est le quatrième pour l’année 2017. Qu’est-ce qui ne marche pas concrètement au sein de l’enseignement ?

En effet, nous avons fait une grève de 48 heures le 15 octobre, une de 120 heures le 17 novembre et on devait déposer un préavis de 216 heures le 22 décembre, qui avait été suspendu suite à la signature d’un accord le 8 janvier 2017. Mais avons relancé ce préavis le 13 mars pour le non-respect intégral des engagements inscrit dans l’accord.

Qu’est-ce que vous revendiquez spécifiquement ?

Nous demandons que l’accord du 8 janvier soit mis en œuvre dans sa totalité, il y avait 9 points, 4 seulement ont été honorés. Dans cet accord, il est prévu, l’adoption d’un statut autonome de l’enseignant, l’harmonisation des salaires des enseignants maliens à ceux de la sous-région, l’augmentation de l’indemnité spéciale de responsabilité pour les enseignants des catégories A, B et C, la régulation de la situation administrative et financière des camarades sortant de l’enseignement normal supérieur au même titre que ceux de l’ENI et de l’IPER-IFRA et la conformité de la relecture de l’arrêté N°3282 de août 2016 avec les recommandations de la lettre de protestation des différents syndicats.

Je rappelle que l’arrêté N° 3282 est relatif aux questions de mutation et de congé de formation surtout en ce qui concerne les fonctionnaires des collectivités territoriales.

Les parties ont convenu de ce qui suit : le gouvernement à donner un statut aux enseignants, aucun aspect dont la grille ne sera occulté lors des travaux de la commission qui sera mise en place au plus tard le 31 janvier 2017.

A cet effet, deux commissions avaient été mises en place dont une commission qui devait travailler sur les aspects juridiques, c’est-à-dire le statut autonome des enseignants et connexe et l’autre qui devait travailler uniquement sur la question des primes. Ainsi les travaux ont effectivement commencé. Mais lorsque nous avons abordé la question de la nature du statut, il y a eu un blocage. Parce que la partie gouvernementale a affirmé que c’est un statut particulier amélioré qu’elle se propose de nous donner et nous n’avions pas eu cette lecture de la chose. Pour nous, le gouvernement s’est effectivement engagé, tel qu’écrit dans le procès verbal. Donc là, il y a des divergences entre les parties. C’est ce qui a engendré la suspension des travaux au niveau du statut. Cette suspension a aussi impacté les travaux au niveau de la commission des primes.

Il y a aussi un autre aspect à signaler, la partie gouvernementale a, selon le ministre de l’Éducation, adressé une correspondance au Premier ministre pour qu’il puisse trancher définitivement sur la question. Un mois après, le résultat fut néant. Le président de la conciliation, Mamadou Lamine Diarra, s’est engagé à rencontrer personnellement le Premier ministre sur la question, conformément à la correspondance envoyée par le ministre de l’Éducation. Pendant trois jours, il n’a pas pu rencontrer le Premier ministre et il est revenu vers le ministre de l’Éducation. Ce dernier lui a notifié qu’il a pu rencontrer le Premier ministre et le premier ministre à donner la réponse suivante «  je ne peux pas écrire » selon le compte rendu du président de la conciliation. Donc, pour nous en tant qu’administrateur, s’il ne veut pas écrire c’est comme une négation de notre correspondance. C’est ce qui a motivé la les militants pour réactiver, le 13 mars, le mot d’ordre de grève de 216 heures qui avait été suspendu le 22 décembre 2017 suite à la signature de l’accord du 8 janvier 2017.

Comme les médecins l’ont fait, allez-vous aussi prendre l’école en otage si l’accord n’est pas totalement mis en œuvre dans sa totalité ?

Je suis membre d’une synergie, il revient à la synergie sur la volonté impulsée par nos militantes de voir ce qu’il y aura lieu de faire. Ce qui est sûr, c’est que nous restons dans le cadre de la légalité, nous n’avons pas d’armes. Nous ne pouvons qu’agir sur ce qui est légalement consenti. Ce qui est sûr, c’est que les armes de la lutte syndicaliste sont nombreuses, il n’y a pas que la grève.

N’est-il pas possible de revendiquer en étant en classe ?

Nous sommes pour le dialogue social. Il faut le dire, le pays a soif de dialogue social. Nous ne sommes pas des jusqu’auboutistes. Si le dialogue est en panne, il faut trouver des mécanismes pour forcer ce dialogue social. Nous avons le souci de l’avenir de nos enfants. Nous avons le souci de notre enseignement et nous ne manquons pas de faire de la sensibilisation. Faites une étude objective, vous allez voir dans quelle école les enfants des décideurs se trouvent aujourd’hui. Ce sont les enfants de la population à faible revenu qui se trouvent dans les écoles impactées.