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Duel pour la gestion de Kidal

Après la signature du document d' « Entente » fin juin à Bamako, entre le gouvernement et les groupes armés,…

Après la signature du document d’ « Entente » fin juin à Bamako, entre le gouvernement et les groupes armés, les chefs des différents mouvements s’en sont retournés à Kidal. Mais le calendrier établi pour la mise en place des autorités intérimaires semble suspendu à la résolution d’un conflit entre GATIA et HCUA, Plateforme et CMA.

À Kidal, l’« Entente » signée entre le gouvernement et les groupes armés n’est pas du tout palpable sur le terrain. Deux mouvements armés, le Groupe autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) et le Haut conseil pour l’unité de l’Azawad (HCUA) sont au bord de l’affrontement. La gestion sécuritaire, socio-économique de la ville de Kidal et de sa région, ainsi que l’attribution des postes des futures autorités intérimaires, sont les enjeux de la discorde. « C’est très tendu ici en ville, on entend chaque jour des tirs d’armes de sommation et d’armes lourdes, les gens craignent un affrontement après la fête de l’Aïd, s’il n’y a pas de négociation ou d’initiative pour instaurer un dialogue », explique une source locale. Ce sont des centaines de combattants armés qui affluent vers la ville, une bonne partie étant positionnée devant le bâtiment du gouvernorat. « Bilal Ag Chérif et son mouvement, le Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA), ne semblent pas vouloir prendre partie. De toute façon, c’est un chef politique, il n’a pas une grande aura ici. Ce sont plutôt les chefs militaires du HCUA, comme Cheick Ag Aoussa et Mohammed Ag Najim pour le MNLA, qui ont le dernier mot », indique cette même source.

Nécessité d’un dialogue Cette tension entre mouvements découlerait du non-respect des engagements qui ont été signés entre groupes armés à Anéfis, sur le partage régional du pouvoir. La Plateforme et le GATIA s’estiment lésés dans ce partage, et la mise en place des futures autorités intérimaires qui auront la charge d’administrer la région a accentué les tensions. « Les autorités intérimaires ne pourront être mises en place tant qu’il n’y aura pas un dialogue entre les deux parties. Même si l’administration revient demain, s’il y a un affrontement, qui va assurer la sécurité ? C’est ça le problème… », déplore un habitant. Pour la population, la crainte d’un affrontement imminent occulte la mise en œuvre des dispositions du document d’ « Entente », qui devrait débuter le 15 juillet prochain. « Les gens n’ont plus le cœur de croire à la résolution de ce conflit, il fait très chaud, il n’y a pas d’eau, et si jamais il y a un affrontement, ce sera catastrophique. Ils sont plus obnubilés par ce qui se passe dans leur quotidien », résume un commerçant.