Ebola, entre espoir et psychose…

Plus de 1010 morts, des cas dans presqu'une dizaine de pays africains, « Ebola » est aujourd'hui l'ennemi numéro en…

Plus de 1010 morts, des cas dans presqu’une dizaine de pays africains, « Ebola » est aujourd’hui l’ennemi numéro en Afrique, voire au-delà . Alors que l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a fait de la lutte contre le virus Ebola une urgence mondiale, les ravages de la maladie ont poussé plusieurs pays africains à  renforcer les mesures de prévention. Certains ont fermé leurs frontières avec leurs voisins touchés, d’autres ont interdits tout transport avec ces derniers…, la peur de cette maladie qui continue de tuer est plus que vivace… La peur sévit dans toute la sous-région C’est la plus violente depuis la découverte d’Ebola en 1976. Elle a déjà  fait plus de 1 000 morts et vient de toucher le Nigeria, o๠une dixième personne a été diagnostiquée lundi dernier. Deux personnes sont déjà  mortes dans ce pays, allongeant la liste des victimes de l’épidémie. Alors chez les voisins, C’’est la panique. Même si les autorités essaient de contenir la psychose en prenant des mesures plus ou moins radicales. Plusieurs cas suspects ont été mis en quarantaine, comme au Togo, au Bénin, au Sénégal ou encore au Rwanda. Ils se sont révélés être des fausses alertes. Au Mali, une quinzaine de cas suspects ont été recensés, qui eux aussi ont été infirmés après les analyses qui sont revenues négatives. Dans les pays touchés, la situation est devenue critique. Au Liberia, les autorités viennent d’annoncer la mise en quarantaine d’une troisième province, celle du Lofa, au nord du pays. Aucune personne ne pourra y entrer ni en sortir afin de protéger les populations non encore touchées, a déclaré la présidente Sirleaf. A Monrovia, on voit des malades agoniser dans la rue, personne n’osant s’en approcher par crainte d’être contaminé. En Sierra Leone, des cadavres ont jonché les rues, poussant la population de la capitale à  manifester pour exiger des mesures des pouvoirs publics. En Guinée, on a investi à  fond sur la communication pour éviter la transmission au sein des familles, qui enterrent elles-mêmes les victimes, augmentant ainsi le nombre de contamination, qui se fait par les liquides biologiques et le sang. Les autorités essaient de rassurer, mais la psychose est bel et bien installée dans toute la sous-région o๠on compte 1013 victimes, selon le dernier bilan de l’OMS, mis à  jour lundi. Sur un total de 1 848 cas dénombrés, principalement en Guinée, en Sierra Leone et au Liberia. En trois jours, depuis le 9 août, 52 morts supplémentaires ont été signalées. L’ONU a annoncé la nomination d’un coordinateur international pour répondre à  la crise : le docteur britannique David Nabarro qui avait déjà  géré la réponse de l’ONU lors des épidémies de grippe aviaire et de SRAS en 2006 et 2003. Une lueur d’espoir nommée Zmapp Un médicament pourrait permettre de sauver des vies et mettre fin ou tout au moins en ralentir la propagation. Il s’agit du sérum expérimental ZMapp, fabriqué par la société américaine Mapp Biopharmaceutical. La molécule n’a pas encore reçu d’autorisation de mise sur le marché – faute d’essais conduits sur l’homme – mais s’est montré très efficace chez des singes. Elle aurait également permis de sauver la vie de deux médecins américains infectés au Libéria. Plusieurs voix se sont alors élevées pour en demander la mise à  disposition. A commencer par celle de la présidente libérienne. Elle a finalement obtenu gain de cause, ce mardi, avec l’annonce de l’OMS qui a approuvé l’emploi de traitements non homologués. « Devant les circonstances de l’épidémie et sous réserve que certaines conditions soient remplies, le comité a abouti au consensus estimant qu’il est éthique d’offrir des traitements non homologués dont l’efficacité n’est pas encore connue ainsi que les effets secondaires, comme traitement potentiel ou à  titre préventif », a expliqué mardi 12 août un comité d’experts réuni par l’OMS. Peu après cette annonce, le Canada a indiqué mardi qu’il allait faire don à  l’OMS d’une petite quantité d’un vaccin expérimental contre Ebola qu’il a développé dans ses laboratoires publics. Mais tout le monde ne pourra pas en bénéficier. Entre 800 et 1 000 doses du vaccin seulement seront envoyées en Afrique, en fonction de la quantité que le gouvernement souhaite conserver pour la recherche et les essais cliniques ainsi que pour un usage à  l’échelle nationale en cas de besoin. La fièvre Ebola est « typiquement une maladie de pauvres dans des pays pauvres dans lesquels il n’y a pas de marché » pour les firmes pharmaceutiques, a regretté Marie-Paule Kieny, sous-directrice générale de l’OMS, qui appelle à  davantage d’investissements. Pendant ce temps, les adeptes de la théorie du complot se demandent pourquoi on n’avait jamais entendu parler de ces médicaments qui auraient pu permettre de sauver des centaines de vie… Les plus extrémistes avancent même que C’’est la véritable phase d’expérimentation du vaccin sur l’humain qui commence à  présent. En attendant, l’épidémie dont la première victime aurait été un petit de deux ans morts en décembre 2013 en Guinée, n’a pas encore dit son dernier mot.