Politique




Échiquier politique : l’inévitable reconfiguration

La scène politique est en pleine reconfiguration depuis les évènements du 18 août 2020 et le début de la transition.…

La scène politique est en pleine reconfiguration depuis les évènements du 18 août 2020 et le début de la transition. Une reconfiguration accélérée par la disparition de certaines grandes figures, à l’instar de l’ex Chef de file de l’opposition Soumaila Cissé, de l’ancien Président de la République Ibrahim Boubacar Keita et récemment de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubeye Maiga. Entre les déchirements internes au RPM et à l’URD et le repositionnement de plusieurs autres partis-clés dans le contexte transitionnel, les rapports de force pourraient continuellement évoluer jusqu’aux prochaines élections.

« Il y a une reconfiguration en cours. Au delà même de la disparition de certaines grandes figures politiques, leurs partis étaient déjà arrivés en fin de course. C’est le cas de tous les partis du mouvement démocratique jusqu’à nos jours. Les conflits de succession dans certains d’entre eux les fragilisent juste davantage », tranche l’analyste politique Boubacar Bocoum.

Mais si on s’en tient au baromètre des résultats de la dernière élection présidentielle, les trois leaders politiques encore sur la scène les mieux classés de l’échiquier sont Aliou Boubacar Diallo, Cheick Modibo Diarra et Housseini Amion Guindo, arrivés respectivement en 3ème, 4ème et 5ème positions lors du premier tour en 2018. Les trois partis qu’ils incarnent, l’ADP-Maliba, le Rpdm et la Codem, à l’opposé de l’URD, du RPM ou de l’Asma-CFP, sont aujourd’hui  relativement stables.

Si les deux premiers cités sont réputés proches du pouvoir transitionnel, vue leur participation aux Assises nationales de la refondation,  la formation politique d’Housseini Amion Guindo les a boycottées et se retrouve avec d’autres partis, dont l’Asma, au sein du Cadre d’échanges des partis et regroupements de partis pour une transition réussie, en porte à faux avec la gestion de la transition.

Selon certains observateurs, cette nouvelle posture de la Codem ne lui permettra pas de garder son poids dans la nouvelle reconfiguration de la scène politique.

M5 gagnant ?

En plus de ces partis bien classés en 2018, certains autres, comme, entre autres, les Fare de Modibo Sidibe, le CNID de Me Moutanga Tall, le MMK de Modibo Koné ou encore le PACP de Yeah Samaké, se sont retrouvés par la suite au sein du M5-RFP.

Pour Jean-François Marie Camara, analyste et enseignant-chercheur à la FSAP, l’ensemble de ces partis qui ne connaissent pas actuellement de remous internes peut profiter de la situation actuelle, avec la disparition de grandes figures politiques ces dernières années. Pour lui, tout va dépendre de leur système d’organisation interne. « Ce sera le véritable défi à relever. Il faut que ces partis parviennent à s’organiser autrement et soient gouvernés par leurs textes et non par la volonté d’un individu », soutient-il.

L’analyste politique Boubacar Bocoum ne partage pas cet avis. À en croire ce dernier, ces partis « stables » ne tireront pas profit de la reconfiguration de la classe politique en cours, parce qu’ils sont « à peu près des partis du même âge et de la même ferraille, qui seront tous détruits par le même processus, même si le timing n’est pas le même ».

« Yelema est en perte de leadership, parce que Moussa Mara s’est décalé sans l’être réellement. Le MPR, en réalité, n’existe pas, si ce n’est par son Président, qui essaye de le maintenir aujourd’hui avec sa posture de Premier ministre. Le parti Fare An Ka Wuli non plus n’est pas très solide », estime l’analyste. Selon certaines sources, le Premier ministre, Dr Choguel Maiga, profiterait de sa position actuelle pour tenter de redonner un souffle nouveau à son parti le MPR. Même s’il souhaite également garder et renforcer sa mainmise sur le M5 en vue de la prochaine présidentielle. Par ailleurs, selon Jean-François Camara, d’ici les futures échéances électorales, qui sont « encore loin », les choses peuvent changer du jour au lendemain dans la classe politique.

C’est pourquoi, pour cet analyste, même si les partis regroupés dans le Cadre d’échanges des partis et regroupement de partis pour  une transition réussie, issus pour la plupart de l’ancienne majorité présidentielle, paraissent aujourd’hui en perte de  vitesse, ils ne sont pas à définitivement enterrer.

Mohamed Kenouvi