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Edito : halte à la justice populaire

Le voilà  ce pauvre homme au corps calciné soumis à  la fureur de la foule pour avoir volé une moto.…

Le voilà  ce pauvre homme au corps calciné soumis à  la fureur de la foule pour avoir volé une moto. On l’a d’abord saisi puis déversé sur son corps de l’essence avant de l’enflammer devant témoins. Parmi lesquels des enfants innocents qui voient cette victime se tordre de douleur avant d’expirer. Et voilà , on a puni le coupable. « Oui parce que si on l’avait emmené au commissariat de police, il s’en serait tiré », justifient certains adeptes de cette justice populaire. « La récidive est devenue monnaie courante », jurent d’autres décidés à  donner l’exemple. Mais ce genre de règlements de comptes constitue t-il de vrais exemples pour freiner le vol de motos Jakarta ? Celui qui aura péri dans les flammes de la vengeance, ne sera ni le dernier, ni le premier à  voler. Encore moins le plus coupable… Œil pour œil donc, dent pour dent ! Ce qui choque, c’est que les assaillants, les bourreaux, les juges, qui ont une fois brûlé un pauvre « innocent » à  Bamako, ne sont pas poursuivis pour homicide volontaire ou assassinat collectif, qu’aux yeux de la loi, ils restent des citoyens normaux, qui rentreront chez eux après avoir fait le sale boulot, à  la place de la justice. Cette justice que l’on décrie, à  qui on reproche un certain laxisme, un laisser aller total, entre passe droits, corruption et trafics d’influences. Ce sera donc une peau de chagrin pour la pauvre mère de ce martyr sacrifié sur le bûcher de la violence urbaine, qui chaque jour augmente, et creuse le lit de l’insécurité dans notre capitale. Pourquoi en arriver jusque là  et surtout dans l’indifférence la plus généralisée. Entre une justice à  deux visages, c’est la vindicte populaire sans retenue ni jugements qui est légalisée, et sans que l’on puisse y faire quoique ce soit :  » Ce sont des cas isolés », jure un habitant de la maudite place o๠a péri son prochain, lynché par la foule. Mais « si le Mujao ou Aqmi avaient coupé une main, ou lapidé un couple adultère, l’affaire aurait fait le tour de la planète et des médias internationaux », s’insurge un journaliste, impuissant devant ces sentences impies et révoltée que cela puisse passer sans aucune forme de dénonciation. Il faut tirer la sonnette d’alarme, car, si à  l’insécurité doit répondre une justice populaire, alors la barbarie n’aura plus de limites dans ce monde déjà  si brutal. A chacun de faire son méa culpa. A l’Etat d’avertir les justiciers de tous bords, pour empêcher cette déliquescence de l’autorité nationale. Que la justice fasse son travail !