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Edito : La bataille des caïmans

«Â Qu'on en finisse cette nuit !», «Â Nous traversons une grave crise et si on sort de cette période, le Mali…

«Â Qu’on en finisse cette nuit !», «Â Nous traversons une grave crise et si on sort de cette période, le Mali sera sauf à  jamais ». «Â Il y a quelques chose d’étrange dans cette affaire non ?… ». Ainsi vont les commentaires dans la capitale malienne, au lendemain des évènements qui ont opposé les militaires de l’ex junte à  la garde nationale de l’ancien président Amadou Toumani Touré. Dans trois lieux clés : au Camp Para, à  l’ORTM et à  l’aéroport de Bamako Sénou. Et d’autres évoquent des forces étrangères, «Â obscures » ou encore «Â occultes». Ce qui est certain, C’’est que le ciel rouge de Bamako servira désormais d’avertissement au peuple. Ce vent bizarre n’était donc pas fortuit. Ce mardi matin, la situation est à  l’avantage de l’ex junte, qui dit avoir repris la situation sous contrôle, dans une déclaration télévisée aux premières lueurs de l’aube. Mais plusieurs personnes ont perdu la vie ce 30 avril, jour noir pour le Mali. A commencer par cette jeune étudiante, Abibata Danioko, victime collatérale de ceux qui en veulent à  Hamadoun Traoré, le secrétaire général de la toute puissante association des élèves et étudiants du Mali. (AEEM). On apprend ce mardi que le deuxième homme, blessé dans la fusillade qui visait le jeune leader, a succombé à  ses blessures, tandis que Traoré est toujours en réanimation. Si la douceur règne ce 1er mai après une pluie salutaire, le ciel lui n’a pas été clément la veille. Les caà¯mans se sont déchirés dans la capitale jusque tard dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2012. Quelques jours après la date qui aurait du voir la tenue de l’élection présidentielle, Bamako a vécu des heures étranges, entre affrontements et menaces tous azimuts. La vie a donc repris son cours normal, même si des tirs sporadiques résonnent encore dans la capitale. Sommation ou menaces de la junte, pour intimider, ce qui est sûr, C’’est que ça n’est pas terminé. La transition qui avait pris une bonne voie, semble désormais menacée par les agissements d’une junte, échauffée par les décisions de la CEDEAO et qui ne se laissera pas écarter de la résolution de la crise malienne. Dans ce cas précis, l’institution panafricaine devra revoir ses méthodes. Et si elle devait convoquer un autre sommet extraordinaire, ces chefs d’Etat, devront user de gants et de subtilité, pour ne pas échauffer davantage les esprits à  Bamako. Quant à  la junte, qui se voit bénéficier du soutien grandissant de la population face à  l‘ingérence de la CEDEAO, elle risque de se galvaniser davantage, en entravant le processus de retour à  l’ordre constitutionnel. Et en rendant plus complexe la gestion du nord. Le salut viendra-t-il alors du peuple ? Lorsqu’il sera excédé d’un côté ou de l’autre. Comme en Mars 1991, lors de la révolution démocratique, le dernier mot risque de revenir à  la rue. Les caà¯mans envahiront alors Bamako….