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Edito : Le Mali, en panne de civisme !

Il n'est pas d'avenir pour le Mali, en dehors d'un changement de mentalité et de comportement, de la part de…

Il n’est pas d’avenir pour le Mali, en dehors d’un changement de mentalité et de comportement, de la part de chacun et de tous et cela à  tous les niveaux. Si les aspirations actuelles à  la liberté, à  la responsabilité, à  la participation ne sont pas vécues avec un esprit nouveau, un C’œur nouveau de solidarité, de respect mutuel et d’amour mutuel, les changements risquent bien d’être des changements  »trompe l’œil ». Ces propos, extraits de la contribution de l’Eglise catholique à  l’avènement de la démocratie, le 30 octobre 1990 – tenus par le très regretté Mgr Luc Sangaré à  l’adresse du Général Moussa Traoré, demeurent plus que jamais d’actualité. 20 ans après, si l’on ne peut nier qu’il y a eu des changements, appréciés même comme des avancées. Ce sont : l’ouverture démocratique, l’expression plurielle, la libération des initiatives, la réalisation des infrastructures, la modernisation de notre façon de vivre etc. A côté de cela, il y a eu un autre développement, mais en sens inverse : c’est tout ce dont le pays souffre véritablement, à  savoir : le mensonge, la corruption, le laxisme, l’intolérance, l’impunité, la cupidité, l’incompétence, le chômage, l’injustice, l’indiscipline caractérisée …C’est à  tous les niveaux, chez les gouvernants tout comme chez les gouvernés. Comme le dit un confrère » Jeu de dupes ou conspiration du silence contre le Mali, contre les générations futures car ces comportements aux antipodes de la vertu ne peuvent aboutir à  la longue qu’au pire ». La  »Tchadisation », la  »Libérialisation », la  »Rwandisation », la  »Zaà¯risation » devraient nous servir de naturelles sources d’inspiration. Pour être béni il faut savoir mentir, voler et corrompre Le sort du Mali est-il aujourd’hui confié à  un homme providentiel, un patriote qui aime bien son pays et qui veut figurer en première ligne de ses fils méritants? Cela est évident. Seul hic, au lieu de l’accompagner dans ce sens noble dessein de servir le Mali, plus d’un ont opté pour tirer sur sa corde sensible- il est avant tout un être humain – pour se servir de lui. On veut avoir tout et tout de suite. L’incivisme, le laxisme et l’intolérance font des ravages sur nos routes avec leur cortège de morts et de blessés. Force n’est plus à  la loi, pourtant faite pour tous, la sécurité et le bien-être de chacun. Le citoyen est mort, vive le Malien. L’école malienne ? Au lieu de fabriquer des apatrides, elle devrait plutôt œuvrer (par la volonté de ceux qui détiennent les leviers de la gouvernance) à  ressusciter le citoyen. La problématique de l’emploi des jeunes ? Le président ATT ne disait-il pas qu’elle était devenue une question de sécurité nationale ? Il n’a pas totalement tort. Car ces milliers de jeunes diplômés qui sortent chaque année de nos universités et autres écoles constituent une menace réelle pour la cohésion et la paix sociale. L’autorité de l’Etat ! à‡a n’existe presque pas. Or, l’autorité de l’Etat est le passage obligé pour l’édification d’une nation prospère. La conscience professionnelle ! On s’en fout ! Le drapeau de la dignité et de l’honneur est en berne dans un pays o๠l’on assiste à  l’apparition d’une nouvelle race de responsables qui détournent les ressources censées appartenir à  tous.  » Il ne faut pas absolument pas que ceux qui, n’ayant plus rien à  perdre et tout à  gagner parce qu’ils se croient les oubliés et victimes du système, en viennent à  exprimer dans la rue, par la violence, leur exaspération et leur désespoir » avait pourtant averti Mgr Sangaré.