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Edito: Mon école va mal

Après les étudiants dont les mouvements d'humeur ont été maintes fois condamnés, ce sont les enseignants qui sont entrés dans…

Après les étudiants dont les mouvements d’humeur ont été maintes fois condamnés, ce sont les enseignants qui sont entrés dans la danse. A peine une semaine après le début des cours, les enseignants sont partis en grève. Les raisons évoquées? Arriérés de salaires, primes de logements, alignements de leurs rémunérations sur celles de leurs collègues de la sous-région dans le cadre du passage au système LMD (licence-master-doctorat)… Techniquement, le Mali n’est pas prêt pour appliquer le système si l’on en croit un agent de l’administration de la faculté des lettres, langues, arts et sciences humaines (FLASH). Selon lui, pour y arriver, il faudrait augmenter le nombre de classes pour accueillir la totalité des étudiants. Ces derniers sont suivre les mêmes programmes que tous les pays membres de l’union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Ce qui pour le moment semble loin d’être réalisable ; il faut noter cependant que le système LMD est déjà  appliqué à  la faculté des sciences et techniques (FAST) depuis l’année dernière et à  l’institut universitaire de gestion (IUG) cette années. Après 4 mois de grève, de mars à  juin dernier, les cours ont repris sur les chapeaux de roues. C’’est le même procédé chaque année dans cette faculté qui a longtemps figuré parmi les meilleurs du pays. Depuis sa création en 1996, d’excellents étudiants en sont sortis. Elle faisait partie avec la FAST et la Faculté de médecine, des écoles supérieures stables, ne connaissant pas de grèves intempestives. Aujourd’hui le pays manque d’étudiants valeureux, travailleurs, la plupart préférant obtenir tout par la facilité. C’’est surtout à  cause de ces arrangements que nos étudiants ont perdus toute notion d’apprentissage réel. Le niveau d’étude a fortement chuté et pour s’en convaincre, il suffit de tenter d’avoir une conversation en français avec un étudiant malien. l’année universitaire a repris, peut-on le dire ainsi, normalement au mois de juin dernier. Et ce après de nombreuses tractations entre le gouvernement et les enseignants. Du coup, au lieu d’avoir neuf mois de cours normaux, les étudiants n’auront étudié que trois mois. En fin août dernier, l’administration de la FLASH a annoncé la tenue des examens de fin d’études pour la mi-novembre. Signalons que la faculté fait d’habitude deux sessions. Ces deux sessions arrangent les étudiants parce que rare sont ceux qui réussissent toutes les épreuves dès la première. La majorité mise plus sur la seconde pour valider le reste des matières. La FLASH a un système assez particulier et différent de celui appliqué dans les autres facultés. Il s’agit notamment du système des unités de valeurs (UV). Ainsi à  partir de la deuxième année, l’étudiant est obligé de valider toutes les UV car, chaque matière devient une dominante obligatoire. Autrement dit, même si l’on a 20 de moyenne dans une matière et 9 dans une autre, on redouble la classe parce qu’elles ne se complètent pas. Ce système a longtemps été décrié par les étudiants eux même, mais également par certains enseignants. Une session unique équivaudrait donc à  un aller simple pour l’échec pour un grand nombre d’étudiants. C’’est l’une des raisons parmi tant d’autres, qui ont poussés l’association des élèves et étudiants du Mali (AEEM) à  décrété le boycott des examens pour montrer leur désaccord vis-à -vis de cette session unique. l’un des membres de l’association se plaint d’ailleurs du fait que « les professeurs font leurs bêtises et veulent que les étudiants payent les pots cassés. » Il parait évidemment inadmissible que les étudiants payent pour les erreurs des enseignants. Cependant, à  en croire un chef de département, la tenue de deux sessions est théoriquement impossible. Si cela se fait, il sera impossible de démarrer l’année prochaine aux dates normales. Le doyen de la FLASH, Salif Berthé explique que « si les examens ne commencent pas d’ici le 15 de ce mois, ce sera inévitablement l’année blanche». La question qui se pose maintenant, C’’est de savoir ce que va décider l’AEEM. Va-t-elle revenir sur sa décision de suspendre ses grèves et accepter la session ? Ou s’entêtera-t-elle à  continuer sur sa lancée et compromettre l’année universitaire 2009-2010 ? Chacun a sa part de responsabilité dans la crise qui sévit en ce moment au sein de l’école malienne et C’’est tous ensemble que l’on pourra redresser la barre pour remettre la barque à  flots. l’école malienne a déjà  trop ramé.