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Edito : Pourquoi il ne faut pas aller à Ouagadougou

Le gouvernement de la République du Mali peine à  trouver ses marques, il peine à  s'imposer. Manque de légitimité, de…

Le gouvernement de la République du Mali peine à  trouver ses marques, il peine à  s’imposer. Manque de légitimité, de crédibilité, de sérieux, de compétence, il est critiqué de toutes parts, et de plus en plus ouvertement de la part de nos partenaires étrangers. En 3 mois, quelle avancée, quel succès le gouvernement a t-il enregistré sur le front du Nord, comme dans le reste du pays ? Parler de faible bilan est un euphémisme. Il fallait pourtant s’y attendre. Un gouvernement qui n’est issu ni d’élections, ni d’un consensus national a peu de chances d’obtenir l’adhésion dans un contexte aussi difficile. Ne tirant sa légitimité que de l’Accord Cadre du 6 avril et de son parrain, le médiateur burkinabé, l’équipe de Cheick Modibo Diarra est aujourd’hui condamnée. C’’est un échec pour la CEDEAO. Le Mali est humilié, il ne faut pas en rajouter Une fois ce constat établi de manière unanime, doit-on encore reproduire les mêmes erreurs ? Est-il nécessaire de transporter une nouvelle fois toute la République à  Ouagadougou pour élaborer le gouvernement d’union nationale tant attendu ? Tout à  son devoir d’aider un pays membre, la CEDEAO a péché par manque de pédagogie et de concertation. Elle se trompe lorsqu’elle refuse de prendre en compte les ressorts de la société malienne. Elle a tort de gérer le cas malien comme un simple cas d’école, le Mali n’étant ni la Côte d’Ivoire, ni le Darfour. Les zigzags à  répétition de la médiation burkinabé ont donné une terrible impression d’amateurisme, que n’a d’ailleurs pas manqué de relever le Conseil de sécurité de l’ONU. Malheureusement, cela continue. Décider du gouvernement du Mali au Burkina Faso serait ressenti comme une nouvelle insulte à  la dignité nationale, une nouvelle humiliation pour un Peuple qui souffre déjà  de voir son territoire occupé. Avec une telle méthode, le futur gouvernement risque le même rejet que le président de la Transition et l’équipe actuelle, également imposés sans concertation. La nécessité d’une large concertation nationale A contrario, ce gouvernement d’union nationale ne pourra réussir sa difficile mission que s’il est issu d’un large dialogue inclusif. Convention, forum, conférence, peu importe le terme, les maliens doivent se parler ! Comme le dit l’adage, « le linge sale se lave en famille », car personne ne connaà®t le Mali mieux que les maliens et personne n’aime ce pays autant que les maliens eux-mêmes. Cette concertation, qui ne peut se tenir ailleurs que sur le territoire national, devra définir la feuille de route et le rôle des organes de la Transition. Il en découlera logiquement une nouvelle équipe gouvernementale, formée dans un esprit d’union nationale, et portée par l’adhésion des forces vives, de la volonté populaire. Elle sera ainsi légitime pour mener le Mali à  bon port en ces temps de violente tempête. La mission historique de Cheick Modibo Diarra Les différents acteurs politiques et de la société civile connaissent les enjeux, ils sauront mettre l’intérêt national au dessus des querelles partisanes. C’’est leur devoir. l’Histoire jugera de manière implacable tous ceux qui ne s’inscriront pas dans cette démarche salutaire. A commencer par le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, dont C’’est la mission historique d’organiser la concertation nationale, acte fondateur du renouveau malien. C’’est beaucoup plus fort que d’envoyer un robot dans l’espace.