10 juin 2019

Cette date restera probablement gravée dans nos mémoires. Ironie de l’histoire, elle semble faire horriblement écho au 10 juin 1944,…

Cette date restera probablement gravée dans nos mémoires. Ironie de l’histoire, elle semble faire horriblement écho au 10 juin 1944, dans un petit village de l’ouest de la France, Oradour-sur-Glane. Ce jour-là, en représailles, une colonne allemande anéantit quasiment la population de cette paisible bourgade. Ce massacre ignoble a tant marqué la France que l’on se le rapporte d’une génération à l’autre. Mon père, qui ne l’a pas vécu mais se l’est fait raconter, m’a transmis ce traumatisme national comme nous passions à proximité de ce village supplicié sur la route des vacances. Alors qu’il me racontait, j’ai imaginé les hommes qu’on fusille, les femmes et les enfants qu’on enferme dans l’église pour y mettre le feu. Et je n’ai jamais oublié. Le 10 juin 2019, au Mali, nous n’avons pas imaginé Sobame, nous avons vu. Comme à Ogossagou en mars ou ailleurs dans le centre du Mali depuis les deux dernières années. En 1944, la France était en guerre. Ne le sommes-nous pas aussi ? Alors pourquoi ne nous battons nous pas ? Les déplacements officiels sont nécessaires mais constater l’horreur la fait-elle disparaître ? S’il est nécessaire de réajuster le bilan des victimes, est-ce que cela arrête l’engrenage, est-ce que cela arrête les assassins ? Oui il faut prendre des précautions de langage et ne pas stigmatiser quelque communauté que ce soit. Mais il faut aussi traquer les coupables, les juger, désarmer les groupes qui ne relèvent d’aucune armée régulière. Il faut bien plus que le timide « sursaut national » préconisé par l’ONU. Et pour qu’il y ait les « retrouvailles » entre Maliens que souhaite le Président de la République, il faut qu’il y ait justice, il faut qu’il y ait sanction, il faut qu’il y ait sécurité.

En 1945, la guerre qui a martyrisé Oradour a pris fin. Combien de massacres faudra-t-il pour que nous décidions de mettre un terme à la nôtre ? Que craignons-nous pour ne pas agir ? Qu’y a-t-il de pire que ce qui s’avance inexorablement si nous ne faisons rien ? Que Dieu aide le Mali.