D’accord sur notre désaccord

Plus le sommet est haut, plus la chute est dure et brutale. Depuis plus d’une semaine, les projecteurs sont braqués…

Plus le sommet est haut, plus la chute est dure et brutale. Depuis plus d’une semaine, les projecteurs sont braqués sur Sidiki Diabaté, et pas pour de bonnes raisons. L’artiste est accusé par une ex-compagne de violences physiques, séquestration et autres. Depuis la circulation de photos de cette dernière, semble-t-il, pour Sidiki les notes mélodieuses de la kora ont été remplacées par les vers de la Divine comédie. Boycotté par certains fans, retiré de la liste des nominés d’une grande cérémonie, selon des proches, placé en garde à vue à la Brigade d’investigations judiciaires. Les vents contraires s’amoncellent, emportant l’artiste se présentant comme le griot des Maliens dans un torrent de tourments. À l’ère du mouvement Metoo, un débat sempiternel revient souvent : l’homme et son œuvre. Le distinguo existe-t-il ? Continuer d’écouter les chansons de Diabaté serait-il synonyme d’une non solidarité avec toutes les formes de violence à l’égard des femmes ? Au-delà de toute passion, faire le choix de ne plus l’écouter va-t-il fondamentalement changer les choses ? Possible de rétorquer que cela pourrait lui occasionner des pertes d’argent, diminuant ainsi son influence. Ne nous leurrons pas, concerts mis à part, très peu chez nous payent pour écouter de la musique. Il ne serait pas avisé de porter un jugement et de vouer aux gémonies ceux qui sont entraînés par ses mélodies. Comprenons-nous, ce n’est ni une plaidoirie, ni un brûlot. S’il est reconnu coupable, qu’il soit puni. Acceptons aussi la divergence de points de vue. Cette époque de la bien pensance et de l’hypocrisie nous oblige presque à nous cacher pour faire ce qui nous plaît, craignant les regards et les verdicts souvent prompts des réseaux sociaux, ces tribunaux populaires. Blaise Pascal disait : « Il n’y a que deux sortes d’hommes : les justes qui se croient pécheurs et les pécheurs qui se croient justes ».