En équilibre

Il y a quelques jours, Renouveau TV a diffusé une enquête de Maliki Diallo sur l’esclavage au Mali et particulièrement…

Il y a quelques jours, Renouveau TV a diffusé une enquête de Maliki Diallo sur l’esclavage au Mali et particulièrement dans la région de Kayes. En suivant une communauté considérée comme esclave qui a fait le choix de contester l’ordre établi dont ils sont les victimes, le reportage interroge ces pratiques qui sont encore largement d’actualité dans notre pays, aussi bien au nord qu’au sud.

On profite de l’occasion pour saluer le beau travail des confrères ! On aimerait bien qu’il y ait d’autres enquêtes de ce type plus souvent. Et on en profite surtout pour s’interroger. Car au delà de l’esclavage lui-même, ce qui est questionné ici réside dans des réflexes humains très profonds (et universels) qui se répercutent du sommet de l’État jusqu’au plus petit village.

Le maintien immuable des traditions est brandi comme garant de la stabilité. Et tout contrevenant est sévèrement puni comme on a pu le voir ces dernières semaines sur les réseaux sociaux avec la vidéo de cet homme attaché et battu parce que « contestataire ». Cette stabilité sociale traditionnelle fonctionne sur des règles déséquilibrées qui ont été acceptées pendant des générations. Des règles imposées par les plus forts sur les plus faibles. Un classique. Des plus faibles qui acceptent car ils ne pensent pas être en capacité de faire autrement. Mais le déséquilibre, même s’il est accepté par toutes les parties, ne se transforme jamais en équilibre. Et un jour… C’est là que nous en sommes. Les uns ont décidé de voir la pyramide s’effondrer. Les autres ne renonceront pas facilement au confort de se dire qu’ils sont supérieurs à ceux qu’ils peuvent écraser sans état d’âme.

N’ayons pas peur du changement. Si ces pratiques sont anciennes, le monde n’est pas né avec elles. Une autre organisation a préexisté. Il en existera d’autres après. Tout l’enjeu est de faire évoluer les structures sociales de manière équilibrée. Maintenir de force le déséquilibre, c’est là qu’est le danger.