Jugement dernier

On ne parle que de lui. Il a même éclipsé le nouveau président du Haut conseil islamique, c’est dire. Même…

On ne parle que de lui. Il a même éclipsé le nouveau président du Haut conseil islamique, c’est dire. Même votre hebdomadaire ne s’y dérobe pas et a choisi de consacrer la une de cette semaine à notre nouveau Premier ministre, Boubou Cissé. Les commentaires relatifs à cette nomination après le départ précipité de Soumeylou Boubeye Maïga de la Primature, sont nombreux. Dans la presse internationale, son image est plutôt positive et si l’on mesure ses faiblesses, on sent une impatience à juger sur pièces ce que va donner ce jeune technocrate « intègre et rigoureux ». On retiendra cependant (et malgré nous) la seule mention qui ait été faite à son ethnie et son appartenance à la région du Centre. Ethniciser le débat, ça c’est un choix judicieux dans le contexte qui est le nôtre…

Dans la presse nationale ou sur les réseaux sociaux par contre, on le trouve « techniquement compétent mais politiquement non tropicalisé », il est un « choix incohérent », « véritable pied de nez au RPM » pour les uns, pendant qu’il n’est pas « un chef de gouvernement consensuel » selon un député de l’URD (cité par Deutche Welle). On ne semble voir que ses handicaps au lieu des opportunités que sa nomination pourrait générer.

Alors ne nous faudrait-il pas arrêter de vouloir une chose et son contraire ? Qui est cet homme providentiel qui serait à la fois du RPM mais validé par l’opposition, qui rassemblerait tous les milieux sociaux et mouvements de la société civile (religieux compris) et serait à la fois une figure nouvelle ?

Il n’est pas parfait. Il ne fera pas parfaitement le job car tout ne lui appartient pas et comme il l’a dit lui-même, il n’est pas le Messie. Mais peut-être pourrait-on laisser travailler cet homme dont le nouveau poste, en ces temps troublés, ressemble à s’y méprendre au purgatoire ? Et alors, nous jugerons.