Le religieusement correct

L’art du contre-pied. Alors que par la voix de son porte-parole attitré, Issa Kaou Ndjim, le CMAS de Mahmoud Dicko…

L’art du contre-pied. Alors que par la voix de son porte-parole attitré, Issa Kaou Ndjim, le CMAS de Mahmoud Dicko avait haut et fort décliné les intentions du mouvement pour les prochaines législatives, voilà que, contre toute attente, ou avec un bon calcul dès le départ, l’Imam demande à ses partisans de surseoir à leur participation. Alors même qu’une semaine plus tôt une alliance avait été annoncée dans les médias avec le parti CODEM dans le District de Bamako. Deux lectures sont possibles pour analyser cette « volte-face ». La première est celle du révélateur. Révélateur l’assentiment que les Maliens pourraient avoir à l’égard du CMAS si son non alignement lors de ces législatives semblait ainsi entériné, 2023 est un objectif avoué par le même Issa Kaou Djim. Si la popularité de Dicko n’est certainement plus à démontrer, les sceptiques pourront se référer à la mobilisation du 5 avril 2019, l’Imam a sûrement tout juste écouté les bruissements de la ville, faisant état notamment de sa supposée volonté de revêtir deux capes, celle du leader religieux et celle du politique. Second point, c’était aussi sûrement trop tôt. Tel que judicieusement rappelé par l’ancien Président du HCI, le mouvement vient de naitre (septembre 2019), son implantation dans le pays est encore naissante et instruction a été donnée à ses animateurs de le sillonner afin de présenter le CMAS aux Maliens. Un travail de fourmi qui a son importance. Ceci évitera de tenter le pari risqué de s’allier avec des politiques dont les noms riment avec défiance auprès des populations (Ras Bath peut en témoigner). Pour ne pas vivre un destin à la Icare, Dicko a apparemment jugé préférable de bouder la sensation que voler peut procurer par rapport à la marche sur la terre ferme, bien plus sûre. Qui veut aller loin ménage sa monture.