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Éducation : Que valent les élèves maliens ?

Grèves répétitives, perturbations des programmes annuels, démission de certains parents, manque de repères chez les élèves. L’école malienne n’a jamais…

Grèves répétitives, perturbations des programmes annuels, démission de certains parents, manque de repères chez les élèves. L’école malienne n’a jamais autant été confrontée à ces maux que ces dernières années. Au point que le niveau des élèves en serait fortement affecté, selon presque tous les acteurs de l’Éducation. Que valent aujourd’hui les élèves maliens ?

25,12%. C’était le taux de réussite à l’examen du baccalauréat au Mali en 2019. Même s’il parait extrêmement bas, il faut souligner qu’il a régressé au fil de nombreuses années. Aussi, en 2017 et 2018, il était respectivement de 32,64% et de 28,57%. En trois ans, on a donc enregistré une régression de 7,52%.

Même constat au niveau de l’école fondamentale, où, même si les taux de réussite au DEF sont relativement plus élevés, il y a quand même une régression quand on compare les chiffres des deux dernières années : 52,83% de réussite en 2019 contre 69,78% en 2018.

« Aujourd’hui, le niveau des élèves maliens est bas. Même s’ils ne sont pas tous comme cela. Il ne faut pas oublier que certains sont dotés d’une intelligence extraordinaire et décrochent même des bourses d’excellence. Mais, dans la généralité, le niveau laisse à désirer, il n’est pas celui que l’on attend », constate Hamida Bella, enseignant à Tombouctou.

Parents coupables ?

Si la responsabilité de la baisse du niveau des élèves maliens est partagée entre les acteurs de l’école, notamment les autorités, les enseignants et les élèves eux-mêmes, la démission de certains parents d’élèves de leur rôle de suivi est également souvent pointée du doigt.

« L’enseignement ne devrait pas se limiter aux salles de classes. Il y a des parents d’élèves qui ne veillent pas sur leurs activités à la maison, les travaux à domicile que les professeurs donnent, par exemple. La plupart des élèves ne sont pas du tout encadrés à domicile », souligne Mohamed Doumbia, un parent d’élève.

Un constat partagé par Mamadou Bah, enseignant et Président du Conseil local des jeunes d’Hamdallaye, selon lequel certains parents d’élèves ont carrément abandonné leurs enfants dans les études.

« Un parent d’élève peut passer une année pleine sans mettre un pied dans l’école de son enfant pour s’enquérir de sa situation scolaire. C’est extrêmement grave, parce que l’enfant jouit d’un certain laisser-aller qui joue sur son rendement », déplore-t-il.

Pour lui, pour rehausser le niveau de l’élève malien, l’État doit carrément revoir le système éducatif. « Il faut une spécialisation des élèves très tôt. Cela ne sert pas à grand-chose d’encombrer l’élève avec beaucoup de matières pour qu’au final il soit dépassé et ne retienne rien », pense M. Bah.