Egypte: manifestations après le verdict Moubarak

Après la condamnation à  vie de Hosni Moubarak, l'ancien président égyptien, La place Tarhir, au centre du Caire, symbole des…

Après la condamnation à  vie de Hosni Moubarak, l’ancien président égyptien, La place Tarhir, au centre du Caire, symbole des grandes manifestations de protestation contre l’ex-président et les militaires, s’est à  nouveau embrasée le week-end. Plusieurs centaines de manifestants y étaient toujours rassemblés dimanche 03 juin 2012 dans la journée, pour protester contre une partie des décisions des juges. Moubarak a été condamné à  la prison à  perpétuité, ainsi que son ministre de l’Intérieur, Habib el-Adli. Deuxième dirigeant emporté par la vague du printemps arabe (après le tunisien Ben Ali), l’ancien président risquait pourtant la peine de mort, d’ailleurs requise par le procureur. Mais Les deux fils de M. Moubarak, Alaa et Gamal, qui comparaissaient également, n’ont pas été condamnés, les faits de corruption qui leur étaient reprochés étant prescrits selon le président de la cour, le juge Ahmed Rifaat. Non condamnés aussi, 6 hauts membres du régime militaire. La nouvelle de l’acquittement de ces six anciens responsables de l’intérieur et le verdict, trop clément pour certains qui espéraient la peine de mort pour M. Moubarak, a provoqué la colère notamment de quelques centaines de personnes, tant dans la classe politique qu’au sein de l’opinion publique. Les Frères musulmans, première force politique d’Egypte, ont appelé à  descendre en masse dans la rue, selon une information donnée par l’agence Reuters. « Le verdict est une farce et il faut un nouveau procès avec les preuves nécessaires en vue d’une juste punition », a fait savoir Mohammed Morsi, le candidat des Frères Musulmans. Hosni Moubarak, 84 ans, qui était jusqu’à  présent en détention préventive dans un hôpital militaire non loin du Caire, a été transféré par hélicoptère dans la prison de Tora, au sud de la capitale. Selon une information rapportée par le journal Le Monde, l’ancien homme fort d’Egypte « pleurait » et ne « voulait pas descendre de son hélicoptère ». Fait marquant, il avait suivi tout son procès allongé sur une civière en raison d’un état de santé soudainement dégradé. Ces décisions et les manifestations qui vont avec dans les rues des grandes villes égyptiennes surviennent à  deux semaines du second tour de l’élection présidentielle qui doit se dérouler les 16 et 17 juin prochains. Il opposera Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans arrivé avec une courte avance lors du premier tour (24,3% des suffrages), au général Ahmed Chafiq (23,3%), le dernier Premier ministre de Moubarak. Chafiq jouit d’une grande popularité chez les nostalgiques de l’ancien régime et chez les Coptes, inquiets d’une éventuelle victoire des islamistes. Morsi, qui peut compter sur l’organisation politique de la confrérie mais souffre d’un manque de charisme, est pour sa part soucieux de drainer les voix de tous les opposants à  Moubarak. Pour l’ex-président, les conditions de détentions dépendent aussi en grande partie de ces élections. Une victoire de ses proches, pourrait en effet lui permettre une fin moins dure. Par contre le passage des frères musulmans pourrait ne pas être une bonne nouvelle. Dans les deux cas, la fin ne peut être que terrible, pour quelqu’un qui a dirigé le pays pendant plus de trente années.