Election 2013 : les déplacés à Bamako ne pourront pas tous voter

A Bamako, les déplacés dans les camps et ceux hébergés par les familles sont nombreux. Dans les foyers, ils sont…

A Bamako, les déplacés dans les camps et ceux hébergés par les familles sont nombreux. Dans les foyers, ils sont chez des tantes, des oncles ou chez des sœurs ou frères. La guerre a laissé sur eux, une tâche indélébile. Le jour du scrutin présidentiel fixé au 28 juillet est une réjouissance pour plus d’un. Vêtu d’un grand boubou basin de couleur violette, le pas pressant, Seydou Diouara vit dans cette famille du quartier Baco Djicoroni depuis un peu plus d’un an. Agé d’environ 60 ans, il est originaire de la ville de Kayes mais a vécu à  Gao pendant plus de 30 ans. Il y a construit une maison, demeure qu’il a dû quitter pour se rendre chez son frère à  Bamako avant que le calme ne revienne à  Gao. « Je vis à  Gao depuis 1978. J’y ai même été élu au conseil communal pendant 18 ans. J’y ai épousé ma femme et je m’y suis installé Avec la situation sécuritaire, J’ai été obligé de quitter momentanément car je vais y retourner » explique-t-il. « Mon recensement s’est effectué à  Gao. Les autorités ont facilité le retrait des cartes NINA. Ainsi, J’ai pu confier les récépissés à  une connaissance qui se rendait à  Gao afin qu’elle puisse récupérer ma carte et celles de certains membres de ma famille. J’en suis fier. Au total, j’attend six cartes NINA. Elles ont déjà  été retirées. Ce scrutin est très important pour le Mali, nous avons tout à  y gagner. Ce n’est pas seulement un pays tombé mais C’’est un pays tombé sans institution. Il faut que les élections aient lieu tout de suite. Tout est à  négocier après » confie Seydou Diouara, père de famille arrivé à  Bamako après l’attaque de la ville de Gao en avril 2012. Tout le monde n’a pas sa carte NINA A quelques pas de là , dans le quartier Djicoroni Para, Aà¯cha Cissé, âgée de 20 ans est originaire de Tombouctou. Elle ne pourra pas voter car elle n’aura pas sa carte NINA. Elle est arrivée à  Bamako pour pouvoir poursuivre ses études : « je suis la seule personne instruite dans ma famille. Quand la guerre a commencé, mes parents ont jugé nécessaire de m’envoyer chez mon oncle ici à  Bamako pour continuer les cours. Je me suis inscrite à  l’ECICA (Ecole Centrale D’Industrie et du Commerce d’Administration) dans la filière secrétariat de Direction pour le diplôme de Brevet de Technicien (BT) » éclaire-t-elle. Elle mesure environ 1,60 mètres, jeune fille frêle et très souriante, Aà¯cha nous accueille au salon. Une dame âgée d’environ 50 ans s’y repose couchée sur une natte à  même le sol. C’’est avec le sourire et un air pensif qu’Aà¯cha parle son vote qui probablement ne se fera pas. « J’aurai voulu voter cette année. Cela me fait mal de ne pas pouvoir le faire. Je n’ai eu personne qui vient de Tombouctou pour qu’elle puisse retirer ma carte d’électeur là  bas. Je n’ai pas d’autre moyen sinon J’aurai vraiment voulu être à  Tombouctou en ce moment pour accomplir ce devoir citoyen » se désole-t-elle. Le taux de distribution des cartes NINA sur toute l’étendue du territoire national s’élève à  plus de 70 % selon les chiffres du ministère de l’administration territoriale, de la décentralisation et de l’aménagement du territoire. Aucun pourcentage pour la situation de retrait des cartes des déplacés n’est connu.