Politique




Élections communales : dans les starting-blocks

Plus que quelques heures avant le début de la campagne pour les élections communales du 20 novembre prochain. Sept ans…

Plus que quelques heures avant le début de la campagne pour les élections communales du 20 novembre prochain. Sept ans après le dernier scrutin, les électeurs sont appelés à choisir les 12 115 conseillers communaux des 703 communes du Mali. Plusieurs fois reporté, il semble bien cette fois-ci que le rendez-vous tienne. D’ores et déjà les responsables des partis politiques et associations sont à pied d’œuvre pour obtenir l’adhésion des électeurs au cours de la campagne électorale qui s’ouvre ce vendredi 4 novembre. Ces communales seront marquées par la question de la sécurité du scrutin, mais aussi leur conséquence dans la gestion des localités du nord du Mali, administrées par les autorités intérimaires et les collèges transitoires. Ce sera surtout une occasion pour les partis politiques de faire le point sur leurs forces et faiblesses, à moins de deux ans de la présidentielle de 2018.

Enfin…, souffle-t-on dans les états-majors des partis politiques. Les communales, maintes fois annoncées et plusieurs fois reportées, se tiendront finalement le 20 novembre prochain. Le gouvernement de la République du Mali avait en effet appelé le 10 août dernier, lors de son conseil hebdomadaire, le collège électoral sur toute l’étendue du territoire national à procéder à cette date à l’élection de conseillers communaux. Depuis cette annonce, la machine préparatoire s’est mise en marche, tant du côté des autorités que des partis politiques et autres associations, qui ont préparé leurs listes de candidats et affûté leurs stratégies pour garantir la victoire. Même si quelques situations de listes attaquées devant les juridictions à travers le pays doivent encore être réglées, du côté du ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Réforme de l’État, c’est la confiance et la sérénité. « Les élections auront bel et bien lieu le dimanche 20 novembre 2016 », assure M. Adama Cissouma, secrétaire général du département, pour couper court aux rumeurs qui ont circulé récemment sur un nouveau report. 7 249 246 électeurs sont appelés à voter dans 21 757 bureaux de vote, répartis sur toute l’étendue territoire. On sait cependant que le scrutin ne pourra se tenir dans plusieurs localités des cinq régions du nord (Tombouctou, Gao, Kidal, Ménaka et Taoudéni).

Techniquement prêts Les spécimens ont été produits et les imprimés de listes électorales sont déjà disponibles dans certaines régions. Par ailleurs, plus de 1 000 tonnes de matériels électoraux et 400 agents seront déployés au nord du pays grâce à l’appui aérien de la MINUSMA. « Il n’ y a aucun problème. Les techniciens ont été sélectionnés. Ils reçoivent une série de formations de mise à niveau pour la supervision de ces élections. Toutes nos fiches sont prêtes, et la commission électorale nationale indépendante sera partout où l’administration ouvrira un bureau de vote », explique Issaga Kampo, 1er vice-président de la CENI. Du côté des partis, on est aussi fin prêts pour la bataille du 20 novembre. Au sein du parti présidentiel, on jettera toutes les forces dans la bataille. « Ces élections sont importantes car elles serviront de levier à la réélection du président IBK », assure Kaba Diarra, secrétaire aux questions électorales du parti. Objectif avoué donc, avoir la majorité absolue des conseillers au sortir de ces élections. « Nous avons déposé 680 listes de candidatures sur les 703 communes du Mali, dont 299 listes propres (listes sans alliances), 527 têtes de liste et 153 en alliance avec les différentes formations politiques. Des alliances qui n’ont rien de contre-nature, mais qui ont tenu compte des réalités du terrain afin de tenir des élections apaisées », explique M. Diarra. À l’URD, on se dit également prêt à relever le défi. Le parti a déposé 662 listes dont 258 listes propres, des alliances ont été nouées avec les partis de l’opposition, mais aussi avec des formations de la majorité, à l’exemple de la liste de Yankasso (cercle de Bla) où l’URD a fait alliance avec le RPM, explique Bellou Cissé, le chargé des questions électorales de l’URD. Au total, 4 122 listes de candidatures ont été déposées, 342 recours ont été faits, débouchant sur 28 annulations dont 9 sont en appel.

Campagne sans T-shirts L’article 73 de la nouvelle loi électorale interdit les supports de campagne (thé, savons, T-Shirt, casquettes, etc.). Une décision moyennement appréciée par les centaines de sérigraphes et autres décorateurs qui attendaient avec impatience cette période pour améliorer leurs chiffres d’affaires. Autre mesure d’importance : l’interdiction de faire campagne dans les lieux de culte. « Nous nous réjouissons des nouvelles dispositions de cette loi qui va enfin moraliser les élections au Mali », se réjouit Kaba Diarra. Une moralisation qu’attendent encore les militants des partis qui déplorent que la présence sur les listes soit encore conditionnée « au paiement de plusieurs millions au lieu de voir la valeur et la capacité des candidats », déplore un militant. La nouvelle loi électorale stipulant que pour l’élection du maire, c’est le candidat qui obtient le plus grand nombre de voix sur la liste qui emporte le siège, on comprend aisément les luttes pour le positionnement sur lesdites listes. Un positionnement également scruté par les organisations féminines qui tirent sur la composition des listes un bilan mitigé en ce qui concerne le respect des dispositions de la loi sur le genre : de nombreuses listes ne respectant pas le minimum de 30% de candidatures féminines et surtout leur positionnement en tête, ont pourtant été validées.

À la veille de la campagne pour ces communales tant attendues, les défis demeurent. Le premier étant celui de la sécurisation du scrutin. « La MINUSMA épaulera les forces armées et de sécurité du Mali avant, pendant et après le vote », assure Allaye Téssougué, directeur général de l’Administration du territoire. « Là où les élections ne seront pas possibles pour raison de sécurité, les autorités intérimaires seront installées », a répondu Mohamed Ag Erlaf en marge de la 12ème session du Comité de suivi de l’accord, du 19 au 20 octobre derniers. La nouvelle loi électorale prévoit, comme c’est le cas depuis 1997, l’organisation des élections dites « séquentielles ». L’autre question concerne le vote des réfugiés vivant dans les pays voisins. Selon le rapport du Haut Commissariat aux réfugiés datant du 31 août 2016, ils sont au nombre de 134 811, répartis entre le Niger, le Burkina Faso et la Mauritanie.

En attendant que des solutions idoines soient trouvées aux problèmes que ne manqueront pas de soulever ces troisièmes élections majeures depuis la crise de 2012, les militants s’apprêtent à investir les rues, les quartiers et les hameaux pour véhiculer les messages de leurs candidats. Le déploiement en force des partis politiques qui mettront tout en œuvre pour remporter des sièges, l’innovation des candidats « indépendants », ou encore le rôle des religieux dans la campagne, sont autant d’éléments qui seront observés de près au cours des deux prochaines semaines. Communales 2016, c’est enfin parti !