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Elections et referendum : la balle est dans le camp d’ATT

Tous les observateurs sont unanimes, qu'ils soient du monde politique, de la société civile ou citoyen lambda : le principal…

Tous les observateurs sont unanimes, qu’ils soient du monde politique, de la société civile ou citoyen lambda : le principal défi du moment est la bonne organisation d’élections libres, crédibles et transparentes l’an prochain. La commission d’experts mise sur pied pour accorder les violons de la classe politique sur les points de divergence liés aux élections avait recommandé que le référendum soit organisé après la période légale de révision des listes électorales, sur la base d’un fichier consensuel avec des listes électorales fiables, corrigées et mises à  jour. » Le vote de la révision constitutionnelle il y a quelques jours à  l’Assemblée nationale est venu compliquer la donne dans l’esprit des maliens. Pour éviter toute interprétation de la portée de la révision constitutionnelle, l’Assemblée Nationale avait pourtant fait un amendement dans lequel, il est clairement écrit que « la présente loi constitutionnelle n’emporte pas novation de République ». Contrairement à  ce qui se dit, le parlement n’a pas voté ce texte à  la légère. La qualité des personnes écoutées par les députés ainsi que leur diversité crédite l’importance de l’immense travail accompli par la commission des lois constitutionnelles. Les résultats sortis de ses travaux à  travers des amendements acceptés par le gouvernement sont de nature à  dédouaner le parlement perçu comme une chambre d’enregistrement. D’éminentes personnalités comme Dioncounda Traoré, Ibrahim Boubacar Kéà¯ta, Me Mountaga Tall, Younouss Touré, pour ne citer que ceux-ci, ont voté ce projet. Il est difficile de croire qu’ils aient bradé ce vote important pour l’avenir du pays. Dotés d’un sens aigu de l’engagement patriotique, ils ne sa sauraient confondre combat politique et animosité personnelle, convaincus qu’ils sont qu’on peut être adversaires politiques sans être ennemis. Prenons le cas D’IBK . Lorsqu’Ibrahim Boubacar Kéà¯ta, Premier ministre pendant six ans et président de l’Assemblée Nationale, salue l’intention louable et sincère d’un patriote, il donne une leçon de modestie et d’humilité. Lorsque Me Mountaga Tall, opposant auparavant qui a connu la clandestinité voire même la prison, affirme que ‘’les pouvoirs entre les mains d’un président ne sont pas les prémices d’une dictature », il sait de quoi il parle. Lorsque le président de l’Assemblée Nationale, Dioncounda Traoré, s’abstient lors du vote de certains amendements comme ce fut le cas de l’amendement 8 qui autorise le président de la République à  prendre la parole devant le Parlement, on peut difficilement douter de sa crédibilité. Désormais on peut dire que la balle est dans le camp du président de la République pour pouvoir tenir une élection libre et transparente sur la base d’un fichier fiable après son referendum. Cette marque de confiance des députés à  l’endroit d’Amadou Toumani Touré, ne lui laisse pas trop de marge de manœuvre car il est désormais lié par sa promesse de céder le pouvoir le 8 juin 2012. Il a promis des élections transparentes, libres, lesquelles ne seront pas influencées par la tenue des opérations référendaires. Pour couper l’herbe sous les pieds de ses détracteurs, il serait sage de la part du président ATT et de son gouvernement de surseoir à  toute idée de coupler les élections présidentielles et législatives. D’autre part, toute velléité de dissolution de l’Assemblée Nationale sera perçue comme un coup d’Etat contre la démocratie, donc un argument de plus pour les opposants aux réformes dont certains oublient même qu’ils ont voté et soutenu en 2000 le projet de révision du président, Alpha Oumar Konaré. Le gouvernement a du pain sur la planche pour tenir les engagements et en même temps rassurer sur sa bonne volonté.