Electricité: EDM doit (rapidement) mieux faire

Les coupures de courant sont devenues un fait banal dans le quotidien des Maliens. Si à  Bamako, elles ne durent…

Les coupures de courant sont devenues un fait banal dans le quotidien des Maliens. Si à  Bamako, elles ne durent que quelques minutes voire quelques heures, dans plusieurs localités à  l’intérieur, on est retourné aux bonnes vieilles lampes torches, les plus nantis investissant dans des groupes électrogènes ou des équipements solaires. On ne rouspète même plus quand en pleine nuit « le courant s’en va » ! Mais si les consommateurs lambda semblent faire mauvaise fortune bon C’œur, il y en a qui ont depuis longtemps perdu le sourire. Il s’agit des industriels et autres artisans qui subissent des pertes sèches à  cause de la fourniture énergétique devenue aléatoire… Boulangeries, métallurgies, ateliers de couture, tous ont résolu de s’adapter aux horaires de coupures, d’ailleurs la plupart du temps méconnus. Les plus gros consommateurs se sont finalement entendus avec la société Energie du Mali(EDM) pour s’ « effacer pendant les heures pleines au profit de la population la nuit tout au moins. Nous avons accepté et avons joué le jeu », affirme Cyril Achcar, premier responsable de l’Organisation Professionnelle des Industriels (OPI). Une trentaine d’industriels maliens ont ainsi tourné sur leurs propres moyens (groupes électrogènes), un surcout pour la production. Une situation qui ne doit plus durer… Une « double peine » pour les consommateurs La plupart attendait patiemment la saison des pluies pour voir la situation s’améliorer, la saison chaude étant toujours difficile pour EDM. Sauf qu’entre temps, la nouvelle tombe ! Augmentation des tarifs de l’électricité, variant de 3 à  7% et aussi des prélèvements pour l’éclairage public. Seuls épargnés, les ménages qui utilisent moins de 50khw/mois, ce qui correspond à  la « tranche sociale ». Incompréhension chez les consommateurs face à  cette mesure, pourtant présentée comme indispensable pour sortir EDM du gouffre financier o๠elle se trouve, à  force de vendre moins cher une électricité qui coute cher à  produire. A l’OPI, on « a calmement pris la nouvelle de l’augmentation pourvu que les coupures de courant soient moindres, que la fourniture en électricité soit de meilleur qualité ». A défaut, précise Cyril Achcar, « ce sera la « double peine » : payer cher et payer les réparations de nos machines causées par EDM ». Car, au-delà  des couts occasionnés par l’utilisation de groupes électrogènes, il y a aussi les pannes causées par les interruptions brusques de la fourniture d’électricité. « Nous n’avons aucune annonce de délestage ou d’entretien pour nous permettre de couper le courant nous-mêmes et passer au groupe sans casser nos productions » se plaint un industriel. A titre d’exemple, une usine fabriquant des sacs polypropylène qui se fait couper le courant brutalement sans prévenir sortira des sacs troués et de couleur grise ! « Est-ce normal de perdre de la matière première pour sortir un produit invendable ? » interroge-t-il. « EDM viendra-t-elle racheter cela ? Et je ne parle pas des pannes sur la machine parce que la coupure brutale a endommagé d’autres équipements. Bref les coupures brutales sont une malédiction pour la production industrielle »Â… Chez les « petits consommateurs » également, les pannes et autres destructions de matériels électroniques sont légions à  cause des coupures sans préavis. A ce jour, personne n’a jamais été dédommagé par EDM. Des coupures de courant qui n’ont aucune incidence sur les factures, bien au contraire. « Je n’y comprend rien, affirme une cliente croisée à  un guichet. Ma facture augmente alors qu’on est en période d’hivernage et que je consomme beaucoup moins que les mois précédents. En plus, ils (EDM) coupent le courant plusieurs fois par jour ! ». « Ma facture a doublé avec cette histoire de hausse de tarif. Et pourtant, je ne suis pas au-dessus de la tranche sociale » déclare pour sa part Fousseyni, qui vient aussi régler sa facture. « Le problème de l’EDM n’est plus seulement le prix pour lequel bien sûr ils sont trop chers. Aujourd’hui, le prix en moyenne tension coute 100F/kwh alors qu’il coute 40F en Côte d’Ivoire… l’enjeu, C’’est la quantité de courant et la qualité du courant » assure M. Achcar. « Il faut que la qualité du courant compense son cout ». Tout est dit.