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Enquête : Les énigmes de l’Affaire SANOGO…

Vendredi, six décembre, le froid enveloppe Bamako que nous quittons à  l'aube pour le village de DIAGO via la ville…

Vendredi, six décembre, le froid enveloppe Bamako que nous quittons à  l’aube pour le village de DIAGO via la ville militaire de Kati. Ce désormais ex-fief de la junte porte encore les stigmates de la marche durement par les forces de sécurité. Le macadam est écorché par la chaleur des pneus brûlés par les manifestants. Nous traversons la ville au moment o๠les militaires et les enfants de troupe du prytanée militaire font leur décrassage matinal. La troisième région militaire du pays n’a plus cette ambiance des grands jours. Elle a vu naà®tre dernièrement le quartier HAYABOUGOU et l’école HAYA SANOGO. Opportunisme des autochtones ou reconnaissance pour services rendus ? Allez savoir. Notre équipe a foncé sur le village de DIAGO o๠nous attendait notre indicateur du jour. Premier signe négatif, le jeune ne décroche pas son téléphone et une dizaine de minutes plus tard, il demande à  être rappelé. Ce fut fait. Il confirme le rendez-vous et le lieu tout en prenant le soin de nous demander d’être discret. « 7h10 à  Diago… » Sept heures dix, scotché au téléphone nous tentons en vain de joindre notre contact. Finalement, nous décidons de trouver des solutions de rechange. Vendeuses de galettes, boutiquiers, cultivateurs, vendeurs de carburant, nous interpellons villageois, passants et tout être susceptible de nous indiquer le site du charnier. Un niet catégorique nous est opposé à  chaque fois que nous révélons l’objet de notre visite. Nul ne veut trahir le capitaine. Telle une consigne, personne ne veut parler du charnier. Découragé, nous décidons de claquer quelques billets de banque (quitte à  faire une entorse à  la déontologie) pour délier les langues. Même résultat. Un jeune conducteur de moto SANILI, un baluchon entre les jambes et madame bien installée derrière, accepte de deviser avec nous : « je vais vous dire la vérité. Personne ne vous montrera le site du charnier parce que nous n’avons pas réussi à  le localiser, nous avons appris l’information à  la télévision comme tout le monde. Un beau matin, nous avons vu des cortèges traverser la ville et le soir, à  la télévision, on a appris que la fosse commune est chez nous. Nous n’avons jamais eu vent de cette affaire. Nous n’avons jamais senti des odeurs pestilentielles et jusqu’ici nous estimons que C’’est dans la tête de ceux qui ont découvert le charnier. Ceci dit, même si nous en savions plus, nous ne vous l’aurions pas dit car si votre ennemi vous rate, vous avez l’obligation de ne pas le rater ». Une femme d’âge mûr, la quarantaine révolue, manifesta alors le désir d’y ajouter son grain de sel : « jeunes gens, ne vous fatiguez pas, le Mali n’a plus de grands hommes, SANOGO en était un et ne comptez pas sur nous pour le vilipender ». Las de tourner en rond, décision fut prise de rebrousser chemin pour prendre langue à  Bamako avec un fidèle du capitaine arrêté. « Ce n’est qu’une machination… Sans détour, l’homme, les cheveux grisonnants, raconte le film de l’arrestation de son mentor : « vous savez, tout ceci est une machination. C’’est le patron des bérets rouges sous ATT qui a arrêté le capitaine. Dés son arrivée, le capitaine a repris les derniers mots du capitaine SANKARA en affirmant être désarmé et prêt à  coopérer. Toute résistance lui aurait été fatale. Il était entre les mains de la gendarmerie mais depuis quelques jours C’’est la garde nationale qui veille sur lui. Je veux calmer ses partisans en leur faisant comprendre qu’il se porte bien et se sent vraiment en sécurité. Seulement, par prudence et par intelligence, on aurait dû confier la mission de son arrestation à  un homme neutre ». Après prés d’une demi-heure d’échanges, l’adrénaline monte, notre interlocuteur se fâche et se lâche : « dà®tes-moi, est ce qu’on parle de la mort de Youssouf TRAORE, le chef des opérations secrètes sous SANOGO, mais qui peut attester aujourd’hui de sa mort. Qui ? Pourquoi son épouse refuse de porter le deuil ? Retrouver cet homme et le faire parler au procès équivaudrait à  disqualifier les faits reprochés au capitaine ». Les yeux embués de larmes, l’homme dépité et meurtri, mit un terme à  ses confidences en nous priant de ne jamais révéler son identité. Sa prière est partagée par l’essentiel de nos sources. Une d’entre elles, retrouvée à  la gendarmerie du camp 1 o๠nous croyions pouvoir voir le lieutenant KONARE se débine. Il a peine à  affirmer que KONARE assimilé à  l’époque du coup d’Etat comme l’aile dure de la junte est depuis quelques temps transféré dans un lieu de détention situé hors de la capitale malienne. « Ses relations avec SANOGO ne sont plus au beau fixe ». Jusqu’ici, il n’est pas fait état de l’avocat chargé de sa défense. Parlant de défense, un proche parent d’Amadou Haya SANOGO nous a soufflé que des démarches sont entreprises pour densifier le pool des avocats du capitaine et dans cette optique l’emblématique procédurier sénégalais Maà®tre Ciré Clédor LY pourrait être le patron de ce pool. Il aura à  ses côtés un des grands ténors du procès du Général Moussa TRAORE. Bamako va vers des jours historiques, si et seulement si le procès se tient.