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Enseignement supérieur : le temps du renouveau ?

Pourtant, les récentes réformes et les projets en cours pourraient enfin la mettre sur le chemin du renouveau. Mettre un…

Pourtant, les récentes réformes et les projets en cours pourraient enfin la mettre sur le chemin du renouveau. Mettre un frein à  «la spirale de la décadence », « convoquer l’intelligence », rétablir « le fil de la brillance »Â… Ces mots, écoutés avec attention par un auditoire composé essentiellement d’universitaires et de citoyens ordinaires, sont d’Oumar Tatam Ly, alors Premier ministre, qui installait le 27 janvier 2014 le Comité de pilotage de la concertation nationale sur l’avenir de l’enseignement supérieur au Mali (CNAES), En septembre 2014, le CNAES a remis à  son successeur Moussa Mara un rapport général o๠des diagnostics avaient été faits et des remèdes proposés. « Niveaux désastreux malgré des diplômes ronflants, corruption allant jusqu’au système de notation des étudiants, débrayages à  tout va, années académiques interminables, et tout cela dans un impitoyable contexte de concurrence communautaire qui finira par nous imposer des ingénieurs sénégalais et des chimistes ivoiriens». Comment en est-on arrivé là  ? à‰tat des lieux et réformes Le 28 septembre 2011, le gouvernement dirigé par Mariam Kaà¯dama Sidibé avait adopté en Conseil des ministres quatre projets d’ordonnance, adoptés ensuite par l’Assemblée nationale le 8 décembre 2011, conduisant à  la division de l’université de Bamako en quatre grandes entités (Lettres, Sciences juridiques et politiques, Sciences techniques et Gestion). Cela pour juguler les nombreux problèmes, notamment les effectifs pléthoriques. Trois années plus tard, dans son rapport, le CNAES faisait un diagnostic sans concession : insuffisance des textes législatifs et règlementaires, manque d’infrastructures pédagogiques et administratives adéquates, déficit en équipements de laboratoire, en réseaux informatiques et en matériel pédagogique, inadaptation des filières de formation, occupation anarchique des domaines du campus universitaire. « l’enseignement supérieur au Mali est le reflet exact d’une globalité malade, il n’augure rien de bon pour l’avenir du pays, observe Adam Thiam, éditorialiste. Plus dur, Fomba, licencié en lettres, pointe du doigt les étudiants : « On a beau faire des diagnostics, appliquer les remèdes, on n’aura pas des universités et des étudiants dignes de ce nom tant que les modèles à  suivre pour les étudiants viendront de l’Association des élèves et étudiants du Mali (AEEM)». à€ ce jour, l’enseignement supérieur compte environ 100 000 étudiants. En quelques années, ce nombre a explosé alors que les défis restent énormes. « Il y a un déphasage entre le ratio enseignants-étudiants, une pénurie totale d’infrastructures et de documentations », confie Daouda Sacko, doyen de la faculté de Droit privé qui explique qu’il ne servait pas à  grand-chose d’éclater l’université de Bamako dans un pays o๠les enseignants manquent. « On multiplie les problèmes par 4 », ajoute un autre doyen, ex professeur d’université. Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, le défi à  relever est celui de l’introduction du système Licence-Master-Doctorat (LMD), qui s’inscrit dans le cadre d’une réforme au niveau de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA). De l’avis général, le système LMD est bon, compte tenu de sa dimension universelle. Pour le directeur des études et de recherche Dr Mamoudou Samassekou, le système permet « de conscientiser les étudiants et de rehausser leur niveau. Les étudiants eux-mêmes l’ont compris, ajoute-t-il. C’’est pourquoi cette année fut une année exceptionnelle, il n’y a pas eu de grève ». Mais, le revers de la médaille est que, selon le secrétaire général de la faculté de droit privé, Dr Alfousseyni Diawara, « il n’y a pas d’accompagnement, pas d’infrastructures, pas de sécurité non plus. Personne n’est en sécurité ici ! C’’est comme si le gouvernement nous avait dit : ‘’débrouillez-vous !‘’ Ils savent que ça ne peut pas marcher comme ça. Il risque d’y avoir un engorgement du système si les moyens ne suivent pas.», grogne-t-il. Beaucoup pensent que l’à‰tat devrait entraà®ner un changement des comportements, d’avantage sensibiliser sur le système LMD et ses enjeux. l’objectif est de réparer « une gouvernance défectueuse et malade » de l’enseignement supérieur, du fait de l’immixtion des hautes sphères de la politique. « Les questions universitaires doivent rester aux universitaires. La division de l’université en quatre entités est le produit des politiques et non des universitaires, C’’est pourquoi ça ne marche pas…» Décentraliser l’université malienne… Aujourd’hui, au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, on se débat pour aboutir au renouveau de l’enseignement supérieur. Après la création en 2009 de l’Université de Ségou pour résoudre le problème de la pléthore d’étudiants à  Bamako, la construction d’un pôle universitaire à  Kabala a concentré toutes les attentions. D’un coût global de 70 milliards de francs CFA, cette infrastructure est attendue pour répondre au besoin d’accueil et d’hébergement des étudiants. Il est l’un des plus grands de la sous-région, et améliorera considérablement les conditions de vie et de travail des étudiants et des enseignants. Né à  la suite de la commission mixte de coopération économique, commerciale et technique tenue en juin 2010 à  Beijing. ce projet est le fruit de l’engagement de la Chine à  construire des infrastructures pédagogiques au profit de l’enseignement supérieur malien. Il faut également citer les projets de décentralisation, à  travers les universités régionales en devenir, à  Tombouctou, Gao, Mopti et Sikasso. Une autre nouveauté est la mise en place du système des inscriptions en ligne dans les universités et grandes écoles du Mali. Le système Campus Mali disponible depuis le 10 août 2015, doit faciliter et rendre transparentes les procédures aux étudiants, notamment les préinscriptions. En effet, pendant cette période cruciale, certains membres du comité AEEM – qui a la charge d’organiser ces inscriptions – n’hésitent pas à  user de leur statut pour verser dans la corruption, face à  des étudiants désorientés. Enfin, l’ouverture en octobre 2015 de la nouvelle à‰cole nationale de journalisme du Mali sous la houlette du ministère de l’Enseignement supérieur, sont parmi ces nouveaux chantiers destinés à  rehausser le niveau. Même si beaucoup reste encore à  faireÂ