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Environnement : Interview du Dr Ibrahima Togola, président de l’ONG Malifolkcenter

Pouvez-vous nous présentater l'ONG et dresser l'état des lieux au Mali Ibrahim Togola : Mali Folk Center Nyetaa est une…

Pouvez-vous nous présentater l’ONG et dresser l’état des lieux au Mali Ibrahim Togola : Mali Folk Center Nyetaa est une ONG nationale, spécialisée sur les questions d’énergies renouvelables, de changements climatiques, de protection de l’environnement et la stimulation des économies locales. Elle travaille essentiellement en milieu rural, dans toutes les régions du mali, directement ou à  travers les différents réseaux d’ONG partenaires en mettant des activités concrètes avec les communautés à  la base. Afin de créer des richesses et d’améliorer leur cadre de vie. Le Mali est un pays de paradoxe. Juste après les indépendances, notre pays a été le premier à  créer un laboratoire d’énergie solaire en 1962. Cela veut dire que les pionniers voyaient déjà  des perspectives importantes pour l’énergie solaire et les énergies renouvelables. Le Mali a également eu à  former de nombreux cadres dans ce domaine. Cela a abouti à  la création en 1968 de la centrale solaire thermique de Diré qui est l’une des plus grandes centrales de ce type à  l’époque avec plus de 60 Kilowatts. La création du Centre Régional d’Energie Solaire (CRES) à  la fin des années 70 a montré que le Mali était au centre de la dynamique de l’énergie solaire parce que C’’était le seul en Afrique à  l’époque. Mais les efforts, dans les années 80, se sont essoufflés. Pourquoi l’engouement actuel pour les énergies renouvelables ? Ibrahim Togola : C’’est avec la crise pétrolière et surtout la conscience climatique que les choses ont commencé à  changer. Tout le monde le sait, la fin de l’ère du pétrole C’’est bientôt. Les plus optimistes disent qu’en 2050, le pétrole sera une denrée très rare. l’autre facteur positif, ce sont les progrès enregistrés dans la technologie des énergies renouvelables. Dans les années 70, 1 watt-crète coutait dans les 70 dollars américains et aujourd’hui, il coute autour de 1 dollar. Le rendement était moins de 1% aujourd’hui il est autour de 20%. Les énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives. On a des unités éoliennes qui produisent plus de 3 Mégawatts installées comme une turbine diesel. Donc, aujourd’hui, des pays comme le Mali qui avaient pris beaucoup de retard à  cause du coût élevé des équipements et parce que le pétrole était bon marché, ces pays peuvent bénéficier de ces technologies qui sont devenues plus abordables. Justement o๠en sommes-nous au Mali ? Ibrahim Togola : Beaucoup de choses ont été faites. Le Mali est l’un des rares pays africains o๠les autorités ont complètement exonéré les équipements des énergies renouvelables. Pour nous de la société civile, les opérateurs privés et pour les utilisateurs, il faut reconnaitre que C’’est un grand effort que les autorités ont fait pour faciliter l’accès aux services énergétiques au maximum de maliens. C’’est vraiment une décision à  saluer. Un autre pas important a été la création de l’Agence Nationale des Energies renouvelables. Cette agence, on l’espère, va se concentrer sur le domaine spécifique des bioénergies, parce que le solaire ne peut pas tout résoudre. Le biocarburant a aussi un rôle important à  jouer. En tout cas, de plus en plus de personnes investissent dans les ENR. Par exemple, l’installation des panneaux solaires est en plein essor. Les opérateurs économiques aussi s’intéressent au secteur et on voit sur le marché de plus en plus de produits qui utilisent ces technologies. l’avenir est donc prometteur ? Ibrahim Togola : Oui. Actuellement, le Ministère de l’Energie, avec l’aide de ses partenaires, est en train de réaliser une cartographie des potentialités de notre pays en matière de résidus agricoles et une carte éolienne. Ca va permettre à  notre pays d’avoir une vision de l’ensemble de son potentiel éolien, biomasse et solaire sur l’étendue du territoire national. Ainsi, avec la décentralisation, une commune peut décider, au vu de ses capacités, d’investir dans des éoliennes par exemple. On dit qu’il ya du vent au nord, mais personne ne sait combien de mètres, pendant combien de temps, dans quelle direction, C’’est difficile de faire une étude de faisabilité. Avec cette carte qui va sortir, on l’espère très bientôt, va donner un coup de fouet à  l’exploitation de l’énergie éolienne qui est pour le moment très sous exploité. Donc, pour nous les perspectives sont très bonnes et à  notre niveau, nous faisons de notre mieux pour contribuer au maximum à  cette dynamique.