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Eseka : après le drame, les questions qui s’imposent

L’accident de train d’Eseka a laissé les Camerounais groggy. Après le drame, arrive le temps de poser les questions qui…

L’accident de train d’Eseka a laissé les Camerounais groggy. Après le drame, arrive le temps de poser les questions qui s’imposent.

79 morts et 551 blessés, c’est le bilan du déraillement de train survenu à Eseka, au Cameroun, le vendredi 21 octobre, sur l’axe Yaoudé-Douala. Camrail, filiale de l’entreprise française Bolloré, a indiqué que le train circulait à toute vitesse. Le train conduisait environ 1 300 personnes à Douala. Hier mardi 25 octobre, interrogé par AFP, le Président de Bolloré Africa Railways, Eric Melet, a expliqué que « Sur une partie du parcours en approche de la gare où s’est produit le déraillement, on a des vitesses qui sont anormalement élevées par rapport aux vitesses qu’on devrait avoir. Dans les zones de ralentissement, dans les zones de gare, en général les limitations de vitesse sont aux alentours de 40-50 km/h selon les zones (…) la vitesse de circulation du train sur le parcours normal est selon les séquences de 80-90 km/h. On a des éléments qui semblent montrer que le train en approche était à une vitesse de l’ordre de 80-90 km/h dans des zones où il aurait dû être à des vitesses beaucoup plus basses »

Le lundi, une journée de deuil nationale a été observée pour rendre hommage aux victimes.

Dimanche, deux jours après l’accident, chacun y allait de son commentaire. Ce qui est incontestable, c’est que le train Yaoundé-Douala était plein. Le ministre des Transports, accusé d’avoir donné des instructions à la compagnie ferroviaire de rajouter des voitures sur le train car la circulation routière était interrompue, a expliqué lundi au cours d’une interview que l’effondrement d’un pont ayant paralysé la circulation, la compagnie de transport ferroviaire a décidé de rajouter des voitures au train pour accroître la capacité de transport. «Ce matin-là sur le site de la gare de Yaoundé, il y avait une forte affluence de gens qui souhaitaient se rendre à Douala, et donc les équipes de Camrail ont commencé à constituer leurs trains en appelant davantage de voitures pour faire face à cette demande», a expliqué le ministre.

Dans un communiqué lu sur les antennes de la radio d’État, le parquet de la Cour dont relève la ville d’Eseka, a fait savoir, hier mardi, qu’une enquête juridique « conduite par le directeur de la police judiciaire et le chef de service central des recherches judiciaires (gendarmerie) », est ouverte. Par ailleurs, une commission créée par un décret du Président Paul Biya et présidée par le Premier ministre, Philémon Yang, aura la charge de déterminer en 30 jours les causes de l’accident.

«Cette catastrophe ferroviaire, comme l’éventrement d’une femme enceinte de jumeaux, Monique Koumaté, il y a quelques mois devant un hôpital public, a ému tout le Cameroun et illustré, une nouvelle fois, l’impasse dans laquelle se trouve un peuple pris en otage par sa classe politique et par son président. », écrit Yan Gwet, chroniqueur au Monde Afrique. Pour lui, Paul Biya a déjà trouvé son bouc émissaire, c’est-à-dire le groupe Bolloré, « symbole de l’impérialisme français en Afrique », et les questions importantes ne seront pas posées : « Pourquoi sommes-nous incapables d’avoir une compagnie nationale de chemins de fer digne de ce nom ? Pourquoi l’axe routier Douala-Yaoundé est-il l’un des plus meurtriers au monde ? Des accidents s’y produisent littéralement chaque semaine et il n’a pas été rénové depuis trente ans. »